Il faut sauver les pubs !

De plus en plus de pubs ferment leurs portes en Grande-Bretagne. Une nouvelle qui inquiète les autorités locales et même Downing Street. Dans beaucoup de petits villages, ils sont de forts éléments de convivialités et, partout dans le pays, ils restent une source d’emplois importante.

 

La coalition les considèrent comme des ‘’services essentiels’’. Le parti travailliste, quelques mois avant de quitter le pouvoir, avait nommé un haut fonctionnaire leur étant entièrement dédié. Nous parlons bien sûr des pubs ! Considérés comme le lieu de convivialité par excellence, en particulier dans les petits villages, à l’image des bars PMU hexagonaux, ils sont pourtant en difficulté. Chaque semaine, 39 pubs ferment leurs portent, selon le syndicat British Beer and Pub Association (BBPA). La Grande Bretagne en comptait 58 600 en 2005, il n’en restent plus que 52 500 aujourd’hui.


Alors que les gouvernements successifs, s’attaquent en vain depuis des années au phénomène du binge-drinking, il semble un peu anachronique de s’inquiéter de la santé des pubs. Mais ils ne sont plus la première cause d’ivresse publique. Les supermarchés vendent les boissons alcoolisées à des prix moins élevés. Et, au contraire de la France, il n’est pas interdit de boire sur la voie publique. Il est simplement interdit d’être soûl et de s’adonner aux fameux antisocial behaviours auxquels Tony Blair avait commencé – seulement commencé – a s’attaquer. Les Anglais se souviennent toujours avec délectation d’une anecdote à ce sujet. La veille d’un grand discours sur les antisocial behaviours, le fils adolescent du premier ministre avait été trouvé soûl sur Leceister square. On n’est jamais mieux servi que par les siens !

 

C’est d’ailleurs Tony Blair qui a contribué à faire que les pubs ne soient plus la principale cause d’ivresse publique en repoussant le ‘last call’ (la dernière tournée). Le but était d’éviter aux buveurs effrayés par le manque de commander un nombre insensé de pintes avant que le bar ne ferme.

 

L’interdiction de fumer, aussi instaurée par le gouvernement travailliste, a été un coup dur pour les pubs, même si les Anglais affectionnait déjà de boire leurs pintes debout de devant l’établissement.

 

Les chaines tels Starbucks, Costa ou Caffé Nero font aussi de l’ombre aux pubs depuis les années 90. La plupart de ces ‘soft’ établissements ferment en fin de journée, mais ils attirent des clients – jeunes et plus âgés - qui seraient auparavant aller au pub. Ils ne vendent pas de boissons alcoolisées pour l’instant, mais aux Etats-Unis, les Starbucks pensent à ajouter un ‘petit quelque chose’ pour corser le tout.

 

Eh bien si ce genre de chaines empiètent sur le terrain des pubs, eux aussi peuvent en faire autant. La chaîne Wetherspoons a décidé l’an dernier d’ouvrir les portes de certains de ses établissements à 7 heures du matin, et non plus 11h comme le veut la coutume. Ce n’est pas pour faire plaisir à l’alcoolique du coin, mais bien pour servir de véritables petits-déjeuners.


Outre diversifier la clientèle des établissements du groupe, la stratégie est aussi payante. Des résultats publiés le 10 septembre dernier montrent que la chaine a augmenté ses revenus de 4,3% (chiffres d’affaire total de 996,3 millions de pounds en 2009). Les pubs Wetherspoons vendent aujourd’hui 400 000 petits-déjeuners par semaine. En comparaison, Mcdonalds en fait 600 000. Mais Starbucks et Costa restent malgré tout loin devant.

 

Certains diront que les pubs se fourvoient avec une telle stratégie, mais bien d’autres estiment que ce sont les petites villes et les villages qui perdent leurs âmes en perdant leur pub.

 

La coalition veut même aller plus loin. Elle a évoqué la possibilité d’associer des pubs à des bibliothèques publiques. Nous verrons donc bientôt peut-être une guerre être livrées par deux camps associant le corps et l’esprit : les Starbucks et autres Costa accrochés aux librairies types Waterstones – où ils sont déjà bien implantés – et les pubs soutenus par les bibliothèques.

 

Mais dans tout ça on oublie, les tea rooms, les fameux salons de thés anglais. Et fait, on ne les oublie pas, la plupart sont morts depuis bien longtemps, et les Starbucks se sont fait un nid sur leurs cadavres. Aujourd’hui, il ne faut plus s’étonner de voir une honorable grand-mère commander son thé au comptoir puis, gobelet en plastic en main, rejoindre ses copines déjà en train de siroter leurs breuvages.


Il n’y aura donc bientôt plus que la reine et le prince Philip pour respecter scrupuleusement l’heure du thé et la tasse en porcelaine. Quoique, cet été un nouveau café a ouvert ses portes dans l’enceinte de Buckingham palace à l’occasion de l’ouverture estivale des appartements de la reine. Mais rassurez-vous, il n’y avait pas que des gobelets, et les touristes pouvaient toujours quitter la table pour aller acheter leurs tasses souvenirs avec le visage de la reine ou des jeunes princes imprimés dessus à la boutique cadeau.

 

mbillon@france24.com

 

© Photo de présentation, Marie Billon

© Photos, Droits réservés

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