Des JO religio-compatibles

Encore 5 jours, et les jeux Olympiques de Londres seront terminés. Tous les athlètes pourront alors quitter village olympique et reprendre une vie normale après leur victoire ou leur défaite. Mais durant leur séjour, tout à été fait pour que les sportifs se sentent comme chez eux, qu’ils aient à porter de main tout ce qui pourrait les aider à livrer les meilleures performances possibles. Pour beaucoup des plus de 10.500 athlètes, la religion fait partie de ces carburants, et le comité olympique a décidé de prendre ce facteur en compte et d’assurer la présence de représentants de neufs religions dans le village olympique.

 


Cela fait plusieurs mois que Julie Sidiqqi, la directrice de l’Islamic Society of Britain, rencontre régulièrement des représentants des communautés juives et chrétiennes. L‘ objectif est d’offrir ce qu’elle appelle  une « réponse religieuse aux Jeux olympiques ». Julie est très consciente que cette année, le Ramadan tombe en plein les jeux Olympiques. Les organisateurs du Ramadan festival, une fête annuelle qui va de pays en pays, ont donc décidé de la tenir, cette année, au Royaume-Uni.


Julie Siddiqi
Nous nous sommes dits : plutôt qu’oublier le fait qu’il y a les jeux Olympiques, nous devrions plutôt en faire un atout. Le Ramadan et le Jeux vont très bien ensemble : les gens sont plus détendus, les enfants ne sont pas à l’école. L’idée du Ramadan festival est d’organiser plein d’événements dans tous les pays pour que les gens puissent se rencontrer, comme inviter les non musulmans dans les Mosquées où le dîner de fin de jeun est servit pour tous.


Pour Julie, l’objectif est d’aider les Britanniques à mieux comprendre la religion musulmane pour éradiquer les différents amalgames. Si l’ambiance festive des Jeux se marie bien à celles des soirées du Ramadan à l’extérieur du Village olympique, pour les 3000 athlètes musulmans, c’est une autre histoire. Ils ne peuvent ni boire ni manger de 5h du matin à 9h du soir. Le jeun peut donc avoir des répercussions sur leurs performances.


Julie Siddiqi
Tous les athlètes ne vont pas observer le jeûn. Certains se sentiront de le faire, d’autres pas. Il y en a qui jeûneront uniquement certains jours, c’est une décision personnelle qui se prend bien sûr avec les conseils des entraîneurs et des médecins. Mais il serait très dommage qu’un pays ou une équipe impose au sportif de jeûner ou de ne pas jeûner.


Pour ceux qui choisiraient de respecter le jeûn, des cafétérias sont ouvertes 24h sur 24 où les sportifs pourront manger halal avant et après le lever du soleil. Des menus kasher seront aussi servis. Tous les athlètes sont censés pouvoir trouver de quoi satisfaire leurs principaux impératifs religieux au sein du Village olympique. Un centre religieux a donc été ouvert, comme l’explique David Wilson, le directeur général de l’association chrétienne sportive, More than Gold.

 

David Wilson
Chaque religion aura une salle qui lui sera dédiée, il y en aura une pour les chrétiens, les musulmans, les juifs, les bouddhistes. Certains partageront ces lieux en organisant leur service à des horaires différentes parce qu’il n’y a pas assez de place pour tous.


190 aumôniers olympiques seront aussi à l’écoute des athlètes, de jour comme de nuit. Mais More than Gold, une association éphémère qui se crée pour chaque grand événement sportif, a aussi pensé aux touristes venant à Londres. Elle a donc fait appels à 300 volontaires pour devenir des Pasteurs olympiques chrétiens.

 

David Wilson
Ils seront là toute la journée, certains pendant la nuit pour aider les gens. Dans les aéroports par exemple, si certains ont des problèmes avec leurs valises ou leur passeport ils seront là pour les aider. Ils seront aussi dans les endroits touristiques principaux, partout où il y aura du monde.


Selon David Wilson, Pierre de Coubertin, le fondateur des jeux modernes, étant lui-même très croyant, cette présence religieuse extensive convient tout à fait à l’esprit des Olympiades. Les deux phrases les plus célèbres liées à l’événement « Plus vite, plus hauts, plus forts », et « l’important n’est pas de gagner mais de participer » ont toutes deux été reprises par de Coubertin après que des religieux les aient prononcé.
Les chrétiens ne sont d’ailleurs pas les seuls à vouloir fournir de l’aide aux touristes. Le Comité juif pour les jeux olympiques a lui aussi mis la main à la pâte, comme l’explique, Esmon Rosen.


Esmon Rosen
Visitjewishlondon.com a été créé pour être le guide de ce que Londres a offrir dans les domaines culturel, religieux et historique. Nous avons recensé les hôtels, les restaurants et les synagogues, des informations pour le Shabat du vendredi soir et les services religieux.


Esmon aurait voulu que les 50 ans de la tuerie des athlètes israéliens lors de Jeux de Munich de 1962 soit commémorée par une minute de silence lors de la cérémonie d’ouverture. Mais la demande a été refusée. Le comité ne veut mettre aucune religion en avant pour que l’entente règne durant ces deux semaines. Une version moderne et circonscrite de la paix olympique. Aux temps des Jeux Antiques, toutes les guerres devaient s’arrêter durant les épreuves. Ca n’a pas toujours fonctionné à l’époque, aujourd’hui non plus, mais le Comité a tenu à faire ce qu’il pouvait dans la sphère de ses compétences.

 

Reportage diffusé sur RFI, le 8 août 2012

 

marie.billon@gmail.com

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