Thomas Cromwell, artisan de la réforme anglicane

Ancêtre d'Oliver Cromwell, Thomas Cromwell a été mercenaire, négociant, puis Premier ministre d'Henry VIII. Il est un des théoriciens de l'Eglise anglicane.


Né dans une famille modeste en 1485, à Putney, près de Londres, Thomas Cromwell quitte l’Angleterre à l’adolescence. Il s’engage comme mercenaire pour la France et rejoint l’Italie après la défaite de Garigliano. Il y devient négociant puis agent du cardinal Bainbridge. C’est en exerçant ces derrières fonctions qu’il côtoie les partisans de la réforme protestante.


Retour en Angleterre


De retour en Angleterre, il est élu au Parlement en 1523. Henry VIII fait appel à lui, en 1530, dans sa Grande affaire : son divorce avec Catherine d’Aragon. Aux côtés du cardinal Wolsey, Thomas Cromwell se bat pour libérer le roi de son mariage.


Sensible aux thèses réformistes, il fait partie de ceux qui ont poussé le souverain à remettre en cause la papauté. Il est cependant assez prudent pour ne remettre en cause que ce qui dérange directement Henry VIII. Une prudence qu’il oubliera plus tard.


Thomas Cromwell théorise la souveraineté de l’Angleterre et les droits qui en découlent. Le roi est maître chez lui et n’est subordonné à aucune puissance si ce n’est celle de Dieu. Il est à l’origine de l’Acte de suprématie édité en 1534, dans lequel Henry VIII se proclame chef de l’Eglise et du clergé anglican.


Thomas Cromwell s’intéresse alors aux monastères catholiques romains, ou plus exactement à leurs richesses. Avec la création de l’Eglise anglicane, les biens de l’Eglise romaine deviennent propriété de la couronne. Nommé vice-régent pour les affaires spirituelles, en 1535, il lance une grande campagne d’épuration des monastères soutenue par le roi. Il a réussi à convaincre Henry VIII que la plupart des moines sont des profiteurs qui amassent biens et richesses tout en vivant dans la luxure à l’abri dans leur cloître.


Les erreurs menant à la chute


Première erreur pour Thomas Cromwell : son analyse. Il n’a pas pris en compte l’attachement des Anglais pour ces structures religieuses de proximité. S’il a pu convaincre le souverain, le peuple se sent agressé par les pillages des monastères. Henry VIII est surpris par ces réactions et reproche à Cromwell son manque de perspicacité.


Seconde erreur, ses mauvais choix sur la question des épouses d'Henry VIII. Après avoir aidé le roi à divorcer de Catherine d’Aragon, il le soutient lorsqu’il veut se débarrasser d’Anne Boleyn, sa seconde épouse, et encore lorsqu’il épouse Jane Seymour. Quand elle meurt en couche, Thomas Cromwell se met rapidement en quête d’une épouse pour le nouveau veuf. Il écume les grandes familles européennes pour conclure une alliance avantageuse pour l’Angleterre.


Sa préférence se porte sur Anne de Clèves, une princesse allemande protestante. Henry VIII accepte de l’épouser sans l’avoir rencontrer. Mais dès qu’il la voit, elle lui déplait fortement. Il sera obligé de révéler publiquement la non consommation du mariage pour pouvoir la répudier six mois après les noces, en juillet 1540.


Fin cruelle


C’en est trop pour le souverain qui soupçonne de plus en plus Thomas Cromwell de zèle protestant. Il l’accuse de vouloir aller au-delà de la réforme qu’il a entreprit. Or le protestantisme déplaît fortement à Henry VIII. C'est donc de la trahison.


S’étant fait de nombreux ennemis – notamment le duc de Norfolk, un ami du roi – au cours de sa trop rapide ascension, Thomas Cromwell n’est soutenu par personne. Il est arrêté et exécuté à la tour de Londres, le 28 juillet 1540. Ses ennemis lui ont choisi un bourreau mal habile qui a dû s’y prendre à plusieurs reprises pour séparer sa tête de son corps.


Après sa mort, Henry VIII continuera à louvoyer entre une réforme anglicane claire et énergique, et une réinterprétation de la religion catholique conforme à ses désirs.

 

Pour en savoir plus sur Thomas Cromwell et son importance dans la réforme, lire the Wollf Hall, d'Hillary Mantel


mbillon@france24.com

 

© Photos, droits réservés

© Dessins, The New Yorker

 

Paru le 5 mai 2010, sur Suite101.fr
 

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