La Saint-Patrick est traditionnellement la fête des Irlandais, l’occasion de boire une bière après le travail pour ceux qui ne sont pas en congés car ne vivant pas en Irlande. Une réjouissance à la fois millénaire et planétaire.
 

Le 17 mars, on fête la Saint-Patrick ! ‘’On’’ parce que les Irlandais ne sont pas les seuls à célébrer ce qui est devenu de facto leur fête nationale. Saint Patrick est célébré partout dans le monde : des Etats-Unis où la rivière de Chicago est teinte en verte - même si le taux de coloration a baissé depuis quelques années pour des raisons écologiques – jusqu’en France, où le Moulin Rouge se colore de vert.
Le Saint est célébré depuis le IXème ou Xème siècle en Europe, mais la fête a pris une ampleur plus importante à partir du XVIIème siècle lorsqu’elle est entrée dans le calendrier liturgique. Se trouvant en plein milieu du Carême, il est communément admis que le 17 mars, le jeûne est moins strictement respecté.

Ce sont les Américains qui ont véritablement popularisé les festivités, beaucoup étant d’origine irlandaise. Elle est alors devenue la fête de tous Irlandais. Mais ce n’est qu’en 1903 que la fête est devenue chômée en Irlande.

Saint-Patrick rime souvent avec fête de la bière. Pourtant, lorsque le Premier ministre, James O’Mara, a décrété que la Saint-Patrick était un jour férié, il a aussi précisé que les pubs devaient fermer – comme tout jour férié. Cette obligation a été levée dans les années 70.

13 millions de Guinness vendues

Aujourd’hui la dimension religieuse est assez largement dépassée, même si des messes particulières sont encore dites dans les églises chrétiennes. C’est donc bien en grande partie la fête de la bière. Guinness, fait d’ailleurs 10% de son chiffre d’affaire le 17 mars vendant 13 millions de pintes au lieu de 5,5 millions pour un jour normal.

La Saint-Patrick c’est aussi le jour où les chapeaux et costumes verts fleurissent dans les rues, ainsi que les fameux trèfles à trois feuilles, emblèmes de l’Irlande. Et c’est là qu’on retrouve les racines chrétiennes de cette fête.

Saint Patrick se serait servi de cette fleur pour expliquer la Sainte trinité aux Irlandais pour les convertir au catholicisme et leur faire renoncer à leurs religions polythéistes ancestrales. La légende veut d’ailleurs que lorsque la fin du monde arrivera et que Jésus viendra juger ‘’les vivants et les morts’’, comme le dit la prière du crédo, Saint Patrick, lui, jugera les Irlandais.

A l’origine, la couleur associée au Saint n’était d’ailleurs pas le vert mais le bleu. La couleur du trèfle a déteint sur l’image entière de Saint Patrick et l’Irlande avec le temps.

Chasseur de serpents

Contrairement à beaucoup de saints, Saint Patrick n’est pas mort en martyr le 17 mars 461. Il est né 74 ans plus tôt dans l’Angleterre romaine, dans une riche famille anglaise. A 16 ans, il est enlevé par des Irlandais et devient esclave. Il s’échappe quelques années plus tard et s’enfuit en France. En 432, il retournera en Irlande en tant qu’évêque et commencera l’évangélisation.

La légende veut qu’il ait chassé les serpents d’Irlande. Le seul pays d’Europe qui - à part dans les zoos – ne compte aucun serpent. Saint-Patrick se tenant en haut d’une montagne aurait fait fuir tous les reptiles qui se seraient alors noyés, l’Irlande étant une île. Les serpents étant symbole du péché dans le christianisme, l’événement est certainement à une métaphore symbolisant le fait que le saint ait quasiment vidé l’île des ‘païens’.

Une explication plus scientifique s’accorde sur le fait que l’insularité de l’Irlande est effectivement à l’origine de l’absence des serpents, mais elle analyse leur disparition autrement. Ils se seraient éteints lors de la dernière glaciation il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, et la population n’a pas pu se renouveler à cause de son insularité.

Alors pour ceux qui enfileront leurs costumes verts et se plaqueront un trèfle sur l’épaule, voilà ce qu’il faut dire en trinquant à grand coup de Guinness : ‘’Que le toit au-dessus de nos têtes jamais ne s’effondre, et que l’amitié qui s’abrite en dessous jamais ne se défasse’’.

marie.billon@gmail.com

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