Lorsqu’un homme ou une femme appartient à l'Histoire, son cœur aussi en fait partie. C’est ainsi que de nombreuses lettres d'Amour sont devenues publiques. Plusieurs souverains britanniques en ont fait les frais.

A l'occasion de la Saint Valentin, The Independent étudie les lettres d'Amour à travers l'histoire. Du papyrus au SMS en passant par la carte de vœux pré-écrite, le quotidien remarque que le caractère essentiel de ces écrits est la confidentialité. Or, des milliers de lettres d'Amour sont tombés sous le regard indiscret des historiens.

Les premières furent celles échangées par Héloïse et Abélard au XIIème siècle. La découverte de leur correspondance ainsi que la grossesse de la jeune femme est ce qui a mis fin à l’idylle des amants. Le Canon de l'Eglise de Paris missionna des hommes pour castrer Abélard, et la jeune fille fut envoyée au couvent. Ils ne se revirent plus jamais.

Saint Valentin a mal fini

Si les plus belles histoires d'amour finissent souvent mal, c'est peut être parce que le Saint de l’Amour a lui aussi mal fini. Saint Valentin a été mis a mort pour avoir voulu défendre le droit d'aimer. Le martyr est le sort de beaucoup de Saints – et souvent la raison de leur sainteté - mais il est d’autant plus infortuné quand il fait ombrage à ce qui est censé être le bonheur absolu : l'Amour.

Au troisième siècle avant Jésus-Christ, alors que l'Empereur de Rome, Claudius II, estimait que les soldats étaient plus performants en étant célibataires, un prêtre nommé Valentin, n'était pas de cet avis. Alors qu'il était interdit aux jeunes hommes de se marier, le prêtre continuait à célébrer leur mariage. Il a donc été arrêté et condamné à mort. La fille de son geôlier lui rendait souvent visite dans sa cellule. Il commença donc à lui écrire des lettres d'Amour en signant "votre Valentin". D'où l'actuelle expression.

La face cachée de l’histoire officielle

Cette correspondance n'était pas destinée à être découverte. Ici, elles desservent un homme d'Eglise tout en le rendant extrêmement humain, au point de devenir un modèle presque deux fois millénaire.

Depuis, les lettres d’Amour passionnent les historiens, car ils montrent la face qui est cachée par l’histoire officielle. En Angleterre, le roi Henry VIII, réputé cruel et sans merci, est connu pour sa correspondance enflammée avec Anne Boleyn. Même s’il ne faisait pas mystère de ses sentiments, la faiblesse qu'il étalait dans cette correspondance n’était destinée qu'à sa dame, certainement pas au monde entier.

Durant les sept années où le roi a fait la cour à celle qu'il voulait désespérément épouser – puisqu’elle refusait de n’être que sa maitresse principale - il lui a écrit des dizaines de lettres d'Amour.

En 1524, Il écrit : "Ma maitresse et amie, mon cœur et moi nous remettons entièrement entre vos mains, vous suppliant de nous laisser entrer dans vos grâces et de ne pas permettre à l'absence de diminuer votre affection. Car, pour ma personne, la douleur de votre absence est déjà bien trop grande. Et lorsque je pense aux épreuves que je dois encore affronter, elles seraient absolument intolérables si mon espoir n'était pas tout entier dans votre constante affection".

Henry VIII devient tellement connu pour ces lettres d'Amour pleine d’emphase qu'on lui a prêté la composition d'un chant de supplique, Greensleeves. Cette chanson n'aurait en fait été composée que sous le règne de sa fille, Elisabeth I. D’ailleurs, les Lettres de cette dernière à son "doux Robin", le comte de Leicester, ont aussi été en partie découvertes. Celles de sa cousine, Mary Stuart, reine d'Ecosse, à son amant Bothwell ont aussi été retrouvées.

Violation de la vie privée

Il en va de même pour une partie de la correspondance de la reine Victoria, tellement amoureuse du Prince Consort Albert qu'on disait quelle n'avait plus de place dans son cœur pour aimer ses enfants.

Une lettre écrite à son parent, le roi des Belges, décrit sa détresse à la mort de son époux, âgé de 42 ans. "Ma vie de bonheur est terminée. Le monde est mort pour moi".

Aujourd'hui, il serait plus difficile d'intercepter une lettre du Prince William à sa future épouse, Kate Middleton. Ce serait non seulement une violation de la vie privée - elles n'appartiennent pas encore à l'Histoire- mais aussi de l'espionnage a priori électronique. Car, comme le regrette The Independent, la lettre d'Amour écrite de sa plus belle plume est largement tombée en désuétude.

Photos, droits réservés

marie.billon@gmail.com