Bod Diamond et Stephen Green : le loup et l’agneau ?

Deux futures figurent de l’économie britannique ont été nommées mardi 7 septembre. Bob Diamond, désigné à la tête de la banque Barclays, et Stephen Green, nouveau secrétaire d’Etat au commerce, n’ont en commun que d’être banquiers de profession. Mais pas encore sortie de la pire récession depuis ces cinquante dernières années, la Grande-Bretagne voit dans cette coïncidence du calendrier une illustration des bons et des mauvais côtés de la City.

 

La presse britannique les présente comme le loup et l’agneau. Par un hasard de calendrier, mardi 7 septembre, Bob Diamond est devenu directeur général de la banque britannique Barclays, alors que Stephen Green a été nommé secrétaire d’Etat au commerce du gouvernement Cameron, quittant ainsi la présidence de HSBC. L’un est surnommé ‘’l’homme à 100 millions de livres’’ tandis que l’autre était le ‘’banquier préféré’’ de Gordon Brown. Tous deux illustrent les deux visages de la City. Vince Cable, ministre du commerce, voudrait voir dans Bob Diamond le passé de la place financière londonienne et son futur dans Stephen Green.

 

Tout semble opposer ces deux hommes, sauf une chose : la santé que leur banque respective ont conservé durant les pires moments de la crise financière. Toutes deux ont échappé à la nationalisation. Lors du premier trimestre, la Barclays a augmenté ses profits de 29%, et HSBC a vu le doublement de son bénéfice net, à près de 9 milliards d’euros.

 

Les points communs s’arrêtent là. La liste des différentes est plus étoffée dans la presse britannique. La première, et la plus triviale, est leurs nationalités : Stephen Green, 61 ans est britannique, Bob Diamond, 59 ans est Américain.

 

Fonctions. Stephen Green prendra ses fonctions au début de l’année 2011 après avoir été nommé à la chambre des Lords puisque la tradition veut que tout membre du gouvernement fasse aussi partie du parlement. Sous l’égide du ministre du commerce, le libéral démocrate Vince Cable, et du ministre des affaires étrangères, le conservateur William Hague, il sera chargé de promouvoir les exportations britanniques et d'inciter les entreprises étrangères à s'implanter au Royaume-Uni. Le gouvernement de coalition a essuyé de nombreux refus avant l’accord de Stephen Green. Le poste de secrétaire d’Etat au commerce était vacant depuis le changement de majorité, en mai 2010.

 

Bob Diamond, dont la nomination a été saluée par la City, devra maintenir la santé et assurer le développement de la Barclays. Certains médias voient dans sa nomination un refus de la part de la place financière de voir séparer les activités de banque commerciale de celles de banque d'investissement. Une commission d'enquête étudie en ce moment cette scission qui aurait pour but de diminuer les risques en cas de défaillance. La plus grande partie des profits de la Barclays provenait l’an dernier de la Barclays Capital ou BarCap, spécialisée dans le conseil, le trading et l’investissement dont Diamond était jusqu’ici le patron.

 

Rémunérations. Pour ajouter au tableau du combat de l’ange contre le démon, la presse britannique souligne que Diamond pourrait gagner jusqu’à 11,5 millions de livres (13,8 millions d'euros), alors que Stephen Green ne sera pas rémunéré pour ses fonctions au gouvernement, selon Downing Street.

 

Morale. Bob Diamond a été surnommé ‘’l’homme à 100 millions de livres’’ par les médias britanniques lorsqu’en 2007 il avait reçu une prime record de 21 millions de livres venant contribuer à une fortune personnelle estimée à 100 millions de livres. De son côté, Stephen Green a refusé de toucher ses bonus durant la crise financière. Diacre de l’Eglise anglicane, il a appelé plusieurs fois à la moralisation de la City, et a écrit deux ouvrages sur l’éthique du secteur bancaire. ‘’Serving God ? Serving Mammon ?’’ (‘’Servir Dieu ou l’argent ?’’) définissait les enjeux de la fonction de banquier, et ‘’Good Value’’, (‘’la bonne valeur’’ ou ’’la valeur du bien’’), étudiait la relation entre richesse et morale. Stephen Green a cependant été président d’une banque aux Bermudes, un paradis fiscal notoire.

 

La Grande-Bretagne, qui a connu sa pire récession depuis 50 ans, se remet doucement sur les rails. En août, l’Office national des statistiques (ONS) a annoncé que le Produit intérieur brut (PIB) britannique avait augmenté de 1,2% sur le trimestre au lieu de 1,1% initialement annoncé, et de 1,7% sur un an au lieu de 1,6%. S’appuyant sur de larges dépenses d’infrastructures et une reprise de la consommation des ménages, cette hausse est la plus forte sur un an depuis le premier trimestre 2008. Traumatisés par la crise, les Britanniques conservent un regard méfiant sur tout ce qui concerne la City.

 

mbillon@france24.com


© Photo de présentation, Marie Billon

© Photo 1, Bod Diamond, Droits réservés

© Photo 2, Stephen Green, Droits réservés

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