Le pape sous surveillance des militants LGBT
Benoît XVI se rend au Royaume-Uni pour une visite de quatre jours. Après plusieurs interventions dans la vie politique du pays, notamment sur les droits des homos, son arrivée n'est pas vue d'un bon oeil par les LGBT britanniques.
Benoît XVI ne sera pas accueilli dans l'allégresse par les militants pour les droits LGBT lors de son arrivée en Royaume-Uni, ce jeudi 16 septembre. Au contraire, les manifestations d'hostilité à cette visite officielle ont déjà été nombreuses... Et pour cause, en mai dernier le pape a encore qualifié l'homosexualité de ''perversion'' et a décrit le mariage gay comme ''dangereux et insidieux''.
''Zèle missionnaire''
Le pape s'est d'ailleurs permis de s'immiscer dans la politique intérieure britannique lorsque l'Equality Bill (loi contre toute forme de discrimination) était débattue à la chambre des Lords en février dernier. Le Vatican craignait que le texte ne contraigne les Eglises catholiques du Royaume-Uni à ordonner des femmes et des membres de la communauté LGBT sous peine de poursuites judiciaires. Deux évolutions auxquelles l'Eglise de Rome est fermement opposée. Benoît XVI avait alors exhorté les évêques d'Angleterre et du Pays-de-Galles à combattre avec un ''zèle missionnaire'' un texte qui, selon lui, ''impose des restrictions injustes à la liberté des communautés religieuses d'agir en conformité avec leurs croyances''. Le texte a été modifié, les organisations religieuses n'auront pas à se soumettre à ce type d'exigence égalitaire.
Certaines organisations pour les droits des homosexuels manifesteront leur mécontentement sur le chemin du pape. D'autres, comme Stonewall, n'appellent pas d'emblée au rassemblement ''mais si le pape se permet de tenir des propos homophobes, soyez sûrs que nous réagirons'', assure James Lawrence du bureau de la communication de l'organisation.
L'Eglise anglicane met de l'eau dans son vin
Il faut dire que les militants britanniques essaient déjà de balayer devant leur porte. L'Eglise nationale - anglicane - est elle aussi secouée par des tensions, notamment sur la question de l'ordination de prêtres homosexuels et transsexuels. L'organe décisionnaire de la communion autorise l'ordination de prêtres et d'évêques ouvertement gays. Mais cette position a donné naissance à un schisme interne en 2008. La frange conservatrice des Anglos-Catholiques a créé ''une Eglise dans l'Eglise'' menaçant de rejoindre l'Eglise de Rome. Le Vatican a promis d'accueillir à bras ouverts, et en respectant leur non obligation de célibat, ceux qui oseraient sauter le pas.
Conséquence, Rowan Wiliams, le primat - progressiste - de l'Eglise anglicane met de l'eau dans son vin. En juillet 2010, Jeffrey John, en contrat d'union civil avec un autre prêtre, a été écarté alors qu'il était pressenti pour devenir le nouvel évêque du diocèse londonien de Southwark. La raison officielle ne mentionne pas l'homosexualité du candidat déçu, mais la presse britannique ne doute pas qu'elle ait été au cœur de la décision (lire l'article du Telegraph).
Durant sa visite, Benoît XVI rencontrera notamment les représentants des Eglises anglicane et catholique d'Angleterre. Il s'entretiendra aussi avec le premier ministre, fonction donnant des compétences en matière religieuse. David Cameron ne s'était pas opposé à la promotion d'un prélat homosexuel.
Paru sur Tetu.com. Par Marie Billon, jeudi 16 septembre 2010, à 11h36
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