Des libéraux démocrates ‘con-dem’ la coalition

Les libéraux démocrates s’inquiètent pour leur âme et leur popularité. Nick Clegg a tenté de les rassurer lors la convention annuelle du parti ce week end.

 

Nick Clegg a fait de son mieux pour remonter le moral de son parti lors de la convention annuelle libérale démocrate, ce week-end, à Liverpool. Le vice-premier ministre a dû rassurer ses troupes sur l’indépendance du parti au sein de la coalition, tout en défendant les prochaines coupes budgétaires et les quotas d’immigration. Deux points cruciaux qui font hurler certains libéraux démocrates estimant que leur chef est en train de vendre leurs âmes aux conservateurs.

 

Le vice-premier ministre qui, lorsqu’il est entré dans la coalition, a affirmé que s’ils n’en faisant pas parti ‘’personne ne remarquerait les libéraux démocrates’’, a assuré qu’il ne négociera pas les circonscriptions lors des prochaines élections de 2015. Peu importe la performance de la coalition d’ici là, ‘’il n’y a ni ‘si’ ni ‘mais’’’, les libéraux démocrates présenteront un candidat par circonscription.

 

2010 : l’élection à ne pas gagner

 

Nick Clegg prend-t-il des risques à longs termes pour rassurer son parti dans l’instant ? Le plan d’austérité risque de rendre la coalition violemment impopulaire. Pas sûr que les Britanniques apprécient de se serrer la ceinture! Même si la coalition ne tient pas jusqu’en 2015 – ce que certains libéraux démocrates espèrent – le parti restera associé à ce plan d’austérité. Avec une touche d’humour, beaucoup ont dit, politiques et journalistes, que l’élection de 2010 était celle qu’il ne fallait pas gagner parce que les mesures d’austérité nécessaires seront tellement cruelles que la majorité qui les aura défini sera bannie du pouvoir pour longtemps.

 

Cette année, les libéraux démocrates sont entrés au gouvernement pour la première fois depuis 65 ans. Mais malgré l’enthousiasme dont était auréolé Nick Clegg, son parti a gagné moins de sièges au parlement que lors des élections de 2005 (57 au lieu de 62).

 

Premier assistant du Dr Frankenstein

 

Si la réforme du système de vote passe en 2011, les libéraux démocrates auront obtenu ce qu’ils convoitent depuis des années. Mais d’autant plus rude sera la chute si, en 2015, ils n’ont pas la faveur des Britanniques traumatisés par le plan d’austérité dont ils sont pour moitié les instigateurs. Instigateurs qui plus est, a demi convaincus, puisqu’ils ont dû faire beaucoup de compromis pour entrer au gouvernement.

 

C’est cela que craignent de nombreux membres du parti : qu’on ne leur pardonne pas ce que certains considèrent comme un fourvoiement. Ne pas transiger sur les candidatures en 2015 est un gage de bonne foi de la part de leur dirigeant, mais cela risque de marquer d’autant plus l’étendu du désaveu des électeurs britanniques.

 

Etre le premier assistant du docteur Frankenstein – même s’il a démissionné avant le procès - ne poussera pas les juges à plus de clémence. N’oublions pas que dès que la coalition fut formée les journalistes britanniques ont rivalisé d’ingéniosité quant au jeu de mots qui pourrait lui servir de titre. Le ‘gouvernement con-dem’, l'expression la plus usitée, (qui sonne comme ‘Condemn’ signifiant ‘condamner’, et qui reprend les particules ‘con’ des conservateurs et ‘dem’ des libéraux démocrates) a apparemment fait son effet.

 

mbillon@france24.com

 

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