Scandale des notes de frais : toujours 'pas vu pas pendu' !
L’odeur de suspicion plane toujours les parlementaires britanniques plusieurs mois après le début de l’affaire des notes de frais. D’autant plus qu’il est toujours possible, pour le coupable, de rembourser l’argent de mea culpa ni être dénoncé.
Le scandale des notes de frais des parlementaires n’en finit pas. Révélé il y a neuf mois par le Daily Telegraph, le quotidien suit les évolutions de très près. Mardi 21 septembre, il a rappelé que le système de ‘’rectification’’ – traduire ‘’argent remboursé, parlementaire pas dénoncé’’ - était encore en cours. C’est sans compter les investigations poussées de tous les journaux britanniques transformés depuis le début de l’affaire en croisés de l’honnêteté parlementaire. De nombreux membres des Communes sont été ‘outés’ par la presse.
Trente parlementaires se seraient vus offrir cette possibilité, notamment avant les élections de mai dernier, selon le Daily Telegraph. Un compromis qui leur aurait permis de se présenter avec une auréole de virginité. Certains ont refusé, comme Shahid Malik, ancien ministre de la justice travailliste. Il a perdu son siège de Dewsbury en mai.
Abolir la ‘réctification’
La ‘’rectification’’ permet aux parlementaire peu scrupuleux de se contenter d’écrire au Comité des Communes en charge du dossier, le ‘Commons standard committee’, pour avouer son forfait, puis de rembourser le montant des dépenses injustifiées par sa fonction. En échange, l’intéressé n’est pas publiquement dénoncé.
David Cameron, a quant à lui demandé, lundi 21 septembre, que le ‘deal’ soit interdit. Une demande qui doit être actée par les Communes. John Bercow, président de la chambre des Communes ou Speaker, a promis de mettre fin à ce système ‘’dans les semaines qui viennent’’. Mais un porte-parole du Parlement a déclaré qu’aucune discussion sur la question n’était à l’agenda dans un futur proche.
Sherlock Holmes
L’abolition de ce système permettrait de publier les notes sanctionnant les abus jusqu’à la fin de la dernière année fiscale en mars. De quoi donner envie aux électeurs de se taper la tête contre les murs s’ils réalisent qu’ils ont voté pour une parlementaire malhonnête. Rien n’est légalement prévu pour remettre en cause le mandat de l’accusé. Plusieurs parlementaires dénoncés par la presse avaient cependant décidé de démissionner avant le renouvellement de mai.
Sir Alistair Graham, l’ancien président du Comité, a déclaré avec une touche d’euphémisme britannique ‘’ce serait bien dommage, pour le nouveau parlement, de s’aliéner le public s’il refuse de faire ce qu’on attend de lui’’.
En attendant, chacun peut désormais contrôler les dépenses de son parlementaire sur le site de Westminster. Quant au Guardian, il propose de jouer soi-même à Sherlock Holmes.
Ironiquement, c’est celui dont la fonction permet de proposer le système de ‘’rectification’’, John Lyon, membre du Comité, qui a réclamé le premier son abolition, en janvier 2008.
mbillon@france24.com
© Photos de présentation, Marie Billon
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