Channel 4 diffusera le 21 octobre prochain un docu-fiction dans lequel le Prince Harry est enlevé par les Talibans. Le film fait déjà largement parler de lui et a suscité de nombreuses controverses.

Que se passerait-il si le Prince Harry était kidnappé par les Talibans? Cette question, les autorités britanniques se la sont posés lorsqu’ils ont envoyé – dans le plus grand secret - le jeune héritier en Afghanistan en décembre 2007. Lorsqu’il a été rapatrié, en février 2008 après que sa présence ait été révélée au grand public, les Britanniques se sont aussi posés la question. Mais personne ne s’attendait à ce que la télévision ose en faire un film. C’est pourtant ce qu’a fait Channel 4, une chaîne du service public. ‘’The taking of Harry’’ sera diffusé le 21 octobre à 21h.

Dans ce docu-fiction de 70 minutes, le Prince est enlevé après le crash de son hélicoptère dans la province d’Helmand en Afghanistan. Il s’agit de l’une des zones les plus meurtrières du pays, en particulier pour les soldats britanniques. Mais c’est surtout là que le Prince avait été envoyé en 2007.

Harry, interprété par Sebastian Reid, est emmené au Pakistan par ses ravisseurs où il est confronté à des islamistes de nationalité britannique. Lorsqu’ils se rendent comptent de la proie de choix qu’ils ont non-intentionnellement capturé, ils enregistrent une vidéo pour l’envoyer à la famille royale. Le prince captif est alors contraint de dire : "Je suis le capitaine Harry Wales. Je suis nourri, dans des conditions confortables et on s’occupe très bien de moi. La condition attachée à ma libération est la suivante : les troupes britanniques doivent immédiatement entamer leur retrait d’Afghanistan. Si ce n’est pas le cas, je ne retournerai jamais à la maison, et vous ne retrouverez pas mon corps’’. Le prince est aussi la victime d’une fausse exécution filmée par ses ravisseurs.

La docu-fiction envisage ensuite la manière dont les autorités britanniques mènent les négociations. De nombreux anciens militaires, anciens agents de renseignements et anciens négociateurs ont été interviewés pour les besoins du films, ainsi que d’anciens otages comme la journaliste du Guardian, Shoaib Sharifi. Channel 4 a tenu à ce que rien n’arrive qui, selon les experts, ne pourraient pas survenir dans la réalité.

Ce projet a suscité de fortes critiques, notamment de la part du ministère de la Défense selon le quotidien Metro : ‘’la représentation, fictionnelle ou non, de la prise en otage et de la maltraitance d’un soldat est profondément répugnante’’. La famille royale n’a pas souhaité s’exprimer.

Outre les accusations de sensationnalisme, certains médias britanniques s’inquiètent du danger qu’un tel film peut faire peser sur le Prince Harry qui a demandé à être renvoyé en Afghanistan. ‘’Il est injuste de dire que cela peut créer une idée qui n’existait pas auparavant’’, a déclaré Hamish Mykura, le responsable des documentaires de Channel 4.

Le Prince Harry, quatrième dans l’ordre de succession à la couronne d’Angleterre, était surnommé ‘’Bullet Magnet’’ (aiment à balle) par ses compagnons. Les services britanniques l’ont toujours considéré comme une proie de choix pour les Talibans.

The Guardian estime que ce docu-fiction a une fonction cathartique. ‘’Ce projet peut être justifié par le fait qu’une fiction examine les cauchemars et les peurs de la société’’. Mais, selon le quotidien, cela n’empêche pas la faute de goût. ‘’Les superstitions veulent qu’on ne spécule pas sur la mort de quelqu’un’’.

Channel 4 avait déjà défrayé la chronique avec des fictions du même genre que ‘’The taking of Harry’’, notamment un drame décrivant l’assassina de Georges W. Bush.

Pour l’instant, la chaîne parvient à conserver le secret. Aucun extrait n’est disponible sur internet et la fin de l’histoire reste un mystère. Le Prince Harry survivra-t-il ?

mbillon@france24.com

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