Plafond d’immigration non-européenne : la refonte qui ne dit pas son nom
David Cameron a excellé dans ce que certains appelleraient volontiers ‘’l’art de la mauvaise foi’’ lors de son intervention à la Confederation of British Industry's (CBI), lundi 25 octobre. Il a montré aux entrepreneurs comment tirer une leçon de ses erreurs sans en avoir l’air !
Non, la coalition ne ‘’remet pas en cause’’ son plafond d’immigration non-européenne, a insisté le porte-parole de Downing Street… Pas besoin de se renier puisque le plan est temporaire. Il suffira juste, au printemps prochain, d’en créer un nouveau en s’inspirant des critiques qui se sont élevées contre la première mouture.
De nombreuses entreprises s’étaient élevées contre le plafond d’immigration non-européenne déterminée par la coalition en mai dernier. Trop bas, il empêchait de nombreuses compagnies d’employer la main d’œuvre nécessaire. Pour le directeur-général adjoint de la CBI, John Cridland, ‘’les chiffres sur lesquels se basaient ce plafond étaient artificiellement bas puisqu’ils étaient adossés à des relevés effectués au pire moment de la récession, en 2009’’.
En septembre, le ministre de l’Industrie libéral démocrate, Vince Cable, avait même apporté de l’eau au moulin des détracteurs du plafond : ‘’j’ai discuté avec deux banques d’investissements de la City qui recrutent régulièrement des centaines de non-européens, notamment Indiens et Américains. Avec ce plafond, ils ne peuvent en embaucher [cette année] que 30 ou 40. Ils ont donc délocalisé une partie de leur activité à Hong Kong.’’
Les libéraux démocrates se sont toujours opposés au plafond d’immigration préconisé par les Conservateurs. Maintenant qu’ils sont dans la coalition, ils appellent à un plafond ‘’flexible’’.
Finalement, David Cameron a promis aujourd’hui que ces restrictions n’empêcheraient plus les ‘’plus grands talents’’ de venir en Grande-Bretagne. ‘’Nous étudieront le plafond et sa manière de fonctionner pour nous assurer qu’il laissera entrer ceux dont la Grande-Bretagne a besoin''.
Non, ce n’est pas une ‘’remise en cause’’ du plafond actuel, ce n’est qu’une version améliorée ! Mais neuf mois dans la vie d’une entreprise, c’est bien long. En refusant de revoir le plafond d’ici le printemps prochain, les conservateurs ne risquent-ils pas d’amener de nombreuses entreprises à délocaliser ?
mbillon@france24.com
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