Utiliser un produit britannique pour exécuter un prisonnier américain, est-ce légal?
Une compagnie britannique est-elle dans la légalité lorsqu’elle vend aux États-Unis une drogue utilisée pour les exécutions capitales ? La question se pose depuis que le procureur de l’État d’Arizona a annoncé vouloir utiliser un produit d’origine britannique pour l’exécution d’un prisonnier, initialement prévue en début de semaine.
La Grande-Bretagne s’émeut de l’utilisation d’une drogue d’origine britannique pour une exécution capitale aux États-Unis. Depuis quelques mois, l’Amérique fait face à une pénurie de sodium thiopental ralentissant le rythme des exécutions. Le fournisseur américain a déclaré ne pas pouvoir ré alimenter les stocks avant janvier 2011. Ne voulant pas sursoir plus longtemps à l’exécution de Jeffery Landrigan, prévue mardi 26 octobre, l’Arizona avait décidé de faire appel à un autre fournisseur sans, dans un premier temps, en préciser l’origine.
L'exécution de Jeffery Landrigan a finalement été repoussée sine die après que l’avocat du condamné ait émis des doutes sur l’origine du sodium thiopental, la première des trois drogues injectées au condamné. C’est cette première salve qui fait perdre conscience au prisonnier. Une drogue de mauvaise qualité pourrait donc lui infliger d’inutiles souffrances.
Le procureur de l’État d’Arizona, Terry Goddard, a voulu faire taire les rumeurs hier. Mais il a surtout choqué la Grande-Bretagne en affirmant que la drogue provenait d’une compagnie britannique, tout en refusant de la nommer. Outre-manche, la peine capitale a été abolie en 1969.
Clive Stafford Smith, un avocat spécialisé dans les droits de l’homme, a décrit sa préoccupation dans The Guardian hier. ''La question qui se pose immédiatement est la suivante : est-il criminel, de la part de la compagnie britannique, de gagner de l’argent sur la mort d’un homme (…). Le Conseil de régulation de l’Union européenne est allé dans ce sens en déclarant illégal le commerce de marchandises utilisées pour les exécutions capitales, la torture ou tout autre traitement cruel, inhumain ou dégradant'', a écrit Clive Stafford Smith.
La compagnie qui a vendu le produit ne s’est pas manifestée. Pour l’instant, aucune autorité britannique ou européenne n’a fait de déclaration sur la légalité ou l’illégalité de la vente de cette drogue pour une exécution capitale. L’État d’Arizona n’a pas indiqué s’il comptait procéder à l’exécution de Jeffery Landrigan avant que le fournisseur habituel ne puisse lui procurer le produit.
mbillon@france24.com
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