Bienvenue chez vous, cher Emir !
L’Emir du Qatar effectue une visite officielle de trois jours au Royaume-Uni du 26 au 29 octobre. La reine et son gouvernement accueillent le Sheikh Hamad bin Khalifa al-Thani à bras ouverts, mais la presse britannique s’inquiète de l’importance que le pays du Golf prend dans leur pays à travers ses nombreux investissements.
A Londres, l’Emir du Qatar se sent comme à la maison. Et pour cause ! Non seulement, il possède une partie de la ville, mais la reine lui fait l’honneur de le loger au Palais de Windsor, au lieu de l’habituel Buckingham Palace, pour les trois jours de sa visite d’Etat.
Il faut dire que la Grande-Bretagne a bien besoin des investissements de son ancien protectorat, comme le sous-entend The Daily Telegraph en titrant dans ses pages, ‘’la reine accepte la main de l’Emir du Qatar’’. Si, sur la photo attachée à l’article, on voit effectivement Elisabeth II être aidée par le chef d’Etat qatari, le titre est à double face : la souveraine accepte aussi le coup de main financier de l’Emir.
Le petit Etat du Golf a autant d’habitants que la ville de Birmingham mais est cinq fois plus riche que la Grande-Bretagne. Ses gisements gaziers offshores sont aussi assez larges pour subvenir aux besoins des terres de la reine pendant 250 ans.
En mai dernier, le Qatar a acheté Harrod’s (équivalent des Galeries Lafayette). Il possède aussi des parts dans la banque Barclays et dans les magasins Sainbury’s (équivalent de Carrefour). Le petit pays du Golf a aussi largement investi dans l’immobilier londonien puisqu’il détient les locaux de l’ambassade américaine sur Governor Square, une partie du gigantesque projet immobilier de One Hyde Park Square mais aussi du nouveau quartier d’affaire du sud-est de Londres, Canary Wharf.
Acheter la Grande-Bretagne brique par brique
The Evening Standard s’amuse même à décrire l’empire qatari que pourra admirer tout visiteur du 80ème étage de la Shard Glass Tower, qui sera achevée près du London Bridge en 2012. Le quotidien gratuit du soir rappelle que Londres mérite de plus en plus son surnom de Lon-Doha, contraction des noms des capitales anglaise et qatari. The Independent estime même que le pays du Golf est dans le processus ‘’d’acheter la Grande-Bretagne brique par brique’’. Mais l’annonce n’est pas à prendre au sens littéralebien sûr… Le Qatar ne s’intéresse pas qu’à l’immobilier, un groupe qatari a notamment racheté le club de foot Manchester City l’an dernier.
La Grande-Bretagne assume sa relation avec le Qatar. Le Prince Charles se dit un ami intime de l’Emir Sheikh Hamad bin Khalifa al-Thani. L’ambassadeur de Doha explique clairement que ‘’les relations entre le Qatar et la Grande-Bretagne sont une priorité’’. Plus largement, William Hague, le ministre des affaires étrangères a aussi déclaré, ‘’nous voulons que le Royaume-Uni soit un partenaire commercial de choix pour les pays du Golf’’.
Autant de bonnes raisons pour rester discrets sur les raisons pour lesquels Ed Miliband n’est pas convié au banquet donné au palais de Windsor.Officiellement, le nouveau chef du parti travailliste est absent pour rester auprès de sa compagne qui devrait accoucher début novembre. Mais selon The Daily Telegraph, le fait qu’Ed Miliband vive dans le péché avec Justine Thornton – entendez n’est pas marié avec elle – pourrait gêner l’ultra conservateur chef d’Etat du Qatar.
Pas un mot non plus sur la trigamie de l’Emir venu à Londres avec l’une de ses trois épouses, la Sheikha Mozah bint Nasser Al-Missned, élue la femme la mieux habillée du monde par le magazine Vanity Fair en septembre dernier. Le Daily Telegraph préfère titrer sur un Prince consort enchantée par la présence de son homologue qatari.
mbillon@france24.com
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