Cinéma : 'Four Lions' aigres-doux

Dans Four Lions, Chris Morris, a voulu traiter le sujet du terrorisme islamiste au Royaume-Uni avec humour. Mais si les terroristes meurent, c’est bien nous qui ressortons de la salle de cinéma en nous sentant coupables… pour avoir osé rire sur un tel sujet !

 

Ne croyez pas ceux qui vous disent que Four Lions est une comédie ! Il n'y a pas de morts innocents dans les comédies. Or, dans le film de Chris Morris, on n’ose pas les compter, même s’ils ne tombent qu’en fin de film. Heureusement, la réalité est parfois plus incroyable que la fiction, et Four Lions a bénéficié d’un échos malheureux – mais au fond peut-être risible. L’auteur des attentats de Stockholm le 11 décembre dernier, a peut-être piteusement raté sa mission. Il s’est fait exploser dans un quartier bondé, mais n’a tué personne. Il a bien blessés quatre passants et traumatisé un pays entier, mais c’est toujours moins que les kamikazes de Four Lions. Pourrait-il être un exemple de ce dangereux amateurisme que Chris Morris dénonce dans son film ?

 

Car c’est bien pour se moquer de ce manque de professionalisme qu’il a fait ce film. ‘’C’est en étudiant plusieurs attentas et tentatives d’attentats que j’ai eu cette idée. J’ai découvert l’histoire d’un kamikaze sur un petit bateau qui voulait en faire couler un plus gros. Mais il s’est fait exploser tout seul’’, a expliqué Chris Morris sur une radio française début décembre.

 

Mais si, jusqu'au bout, le spectateur se dit et se répète ''ces quatre-là sont trop pieds nicquelés, jamais il ne seront de vrais kamikazes'', c'est justement pour qu'on se retrouve bête et dégouté en fin de film. C'est peut-être pour nous apprendre à nous méfier tout en relativisant l’inéluctable que Chris Morris a décidé de traiter ce sujet avec une touche d'humour. - Une recette très british humour en fait ! - Les kamikazes ne sont peut-être pas tous des hommes plus intelligents que la moyenne, ils peuvent même être parmi les derniers des crétins, mais s'ils subissent une mauvaise influence ils peuvent être aussi dangereux que le plus rusé des tueurs.

 

De manière générale, on a du ma là se faire à l’idée de rire d’un tel sujet. Mais il faut bien avouer que certains passages sont franchement drôles. L’échec de la tentative d’entraînement en Afghanistan, durant laquelle Omar et Waj font accidentellement exploser Oussama ben Laden, par exemple. Même après le premier mort, on est tenté de rire. L’un des terroristes en herbe, Fayçal – celui qui veut entraîner des corbeaux à devenir kamikazes - meurt dans l’explosion accidentelle du matériel qui devait servir à créer une véritable bombe. Est-il un martyre? Oui selon certains. Non selon d’autres. Alors s’il n’est pas mort en martyre qui l’a tué? De qui est-ce la faute? Mais si c’est bien un martyre, ‘’je l’ai tué plus que toi !’’.

 

Chris Morris ne rie pas uniquement des islamistes, il se moque aussi de ceux qui sont censés protéger la population. Les policiers anglais ne sont pas épargnés. Deux agents sont ainsi capables de se disputer sur la définition d’un ours au moment où il s’agit d’abattre un dangereux terroriste qui a justement revêtu le costume de cet animal au milieu d’une foule d’autres personnes déguisées.

 

Ce sont bien ces touches d’humour qui mettent le plus mal à l’aise. Malgré le côté risible de ces situations, l’histoire est cruelle. Ils ont beau être déguisés en ours ou en dindon de la farce, les Fours Lions restent des terroristes qui se font exploser – avec plus ou moins d’aplomb - durant le grand rassemblement qu’est le marathon de Londres.

 

Au-delà de l’humour, le réalisateur semble ne rien laisser au hasard. On reste horrifié devant l’amour que la femme d’Omar lui porte et par les doux sourires qu’elle lui fait alors qu’elle sait qu’il a prévu de se faire exploser. Elle brise tous les clichés de la femme soumise : elle est belle et jeune, elle travaille, et à l’extérieur elle porte un voile blanc délicat. Le contraste donne froid dans le dos. Surtout lorsque, par mégarde, on sympathise avec elle.

 

Qu’on le veuille ou non, Four Lions est un film sérieux. Et Chris Morris l’a préparé avec délicatesse. Car s’il voulait dénoncer, il ne voulait pas blesser, ni s’attirer gratuitement les foudres de la communauté musulmane. BBC et Channel 4 ont rejeté son projet justement parce qu’ils estimaient le sujet intraitable avec humour. Mais le réalisateur s’est entêté. Il a même écrit à Moazzam Begg, un ancien détenu de Guantanamo, pour lui demander si le scénario était offensant envers les musulmans. Begg aurait répondu à la négative, et aurait apprécié le film une fois terminé.

 

Malgré l’humour, on ne passe pas vraiment un bon moment devant Four Lions. Comment pourrait-on quand on a envie de se mettre un baffe dès qu’on sent un sourire apparaître au coin des lèvres?

 

 

 

 

marie.billon@gmail.com

 

Photos, droits réservés
 

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5 Comments
Tout ça c'est la faute de l'UA et de la communauté internationale au debut elles ne devraient pas intervenir pour dire qu'il ya un vainqueur ou un perdant quand Bagbo s'est autoproclamé vainqueur en ce moment elles devraient essayer de faire recours aux negociations peut etre Bagbo allait faire des concessions mais maintenant c'est trop tard il n'y a plus de negociations possibles.
gbagbo a proposer le recomptage des voix,la revisite des p.v je pense ke c'est mieux ke la guerre.si apres c'est lui le menteur on le degage,si c'est ouattara ki ment il fermera
quand Gbagbo partira tu es sur que la paix reviendra en cote d'ivoire. pourquoi votre alassane qui aime tant la cote d'ivoire ne cherche pas une autre solution que de se reclamer vaiqueer d'une election truquee pourquoi il ne propose pas de reprendre les elections au nord? en tout cas pour se liberer du joug neo colonialiste il faut faire quelques sacrifices coe ce fut le cas pour la colonisation.GBAGBO ou rien en cote d'ivoire.
Gbagbo n'aime que lui - même Croyant dur comme fer qu'il est le seul capable de faire de la Côte d'Ivoire ce qu'elle doit être, il oublie la souffrance de son peuple dans cette histoire et ne pense qu'à son Eldorado de fauteuil de Président qu'il ne veux pas quitter. Surtout quand il imagine un certain Ouattara là-dessus ; il trouve ça indécent. Mais vous savez, il partira après avoir fêté la Saint Sylvestre au palais de Cocody.
Trés bonne analyse. J'avoue avoir pleurer de rire de nombreuse fois, mais la fin calme les ardeurs.

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