Universités, un terreau pour le radicalisme?

Paru sur france24.com. Douze personnes ont été arrêtées en Angleterre, lundi, dans le cadre d’une opération anti-terroriste. Un coup de filet qui intervient neuf jours après les attentats de Stockholm, dont l’auteur présumé vivait et avait étudié à Luton, près de Londres. Un rapport de la fondation Quilliam établit justement un lien entre les universités et la radicalisation de certains jeunes britanniques.

 

Les universités britanniques seraient un terreau propice à la radicalisation islamiste, selon un rapport publié le 18 octobre par la fondation Quilliam, spécialisée dans le contre-terrorisme. Le fait que l’auteur présumé des attentats de Suède du 11 décembre dernier ait fréquenté l’université de Bedforshire confère une nouvelle touche d’actualité à cette étude. Mais Taimour Abdulwahab al-Abdaly n’est pas le seul islamiste présumé ou avéré à être passé par les bancs des universités anglaises. Umar Farouk Abdulmutallab, par exemple, qui aurait tenté de faire exploser un avion reliant Amsterdam à New York le 25 décembre 2009 avait, lui, fréquenté l’University College of London (UCL). Les exemples sont encore nombreux.

 

Mais en quoi les universités peuvent-elles former, selon Quilliam, un ‘’environnement potentiel de radicalisation’’ ? Pour les auteurs du rapport, le problème tient surtout à la liberté de parole laissée aux orateurs extrémistes s’exprimant dans sur les campus. Pour James Brandon, directeur de recherches à la Fondation Quilliam, la dangerosité est proportionnelle à l’âge du public. ‘’Lorsque les prêcheurs s’expriment dans les universités, ils s’adressent à un public jeune qui est souvent en pleine crise d’identité. A cet âge, on cherche à comprendre qui on est, et ce qu’on veut faire de sa vie’’, explique-t-il.

 

Mais les universités nient que la radicalisation puisse s’effectuer dans leurs murs. ‘’L’établissement entretient de bons rapports avec toutes les sociétés étudiantes, y compris la société islamique. Depuis que je suis président, nous n’avons jamais été confrontés à des cas d’activités extrémistes sur notre campus’’, a expliqué à France 24 Les Ebdon, le président de l’université de Bedforshire.

 

Ce sont pourtant des organisations étudiantes, principalement certaines sociétés islamiques, qui invitent ces orateurs. ‘’Il peut malheureusement être très facile, pour un petit groupe d’étudiants extrémistes, de prendre une société islamique et de l’utiliser comme un vecteur de propagation d’extrémisme, d’intolérance et de violences idéologiques’’, explique le rapport de Quilliam. Umar Farouk Abdulmutallab, avait notamment présidé la société islamique de l’UCL durant l’année universitaire 2006-2007.

 

Premier contact avec les thèses radicales

 

L’établissement a bien un droit de regard sur les intervenants qu’elle accueille mais ‘’les Britanniques étant très attachées à la liberté d’expression, les recteurs ne veulent – et ne peuvent pas – passer au crible tous les invités potentiels’’, explique à France 24 Dominique Thomas, chercheur à l’EHESS et auteur de ‘’Londonistan, le Djihad au cœur de l’Europe’’. Pourtant, si selon lui ‘’l’université n’est pas le principal terrain de radicalisation, ces conférences constituent souvent un premier lien avec les thèses extrémistes’’. Certains cultivent ces contacts d’autres pas. Mais pour Dominique Thomas, ‘’le quartier, la mosquée, les réseaux familiaux et amicaux demeurent les principaux canaux de radicalisation’’.

 

La semaine dernière, le gouvernement s’est donc engagé à prendre les choses en main. ‘’Des mesures doivent être mises place, que ce soit pour déradicaliser nos universités ou augmenter le contrôle de l’arrivée des imams sur le territoire britannique’’, déclarait le premier ministre David Cameron devant le Parlement le 15 décembre dernier. Mais selon James Brandon, les autorités ont beau être ‘’très consciente du problème, elle ne sait pas comment l’aborder ni y remédier’’.

 

De son côté, Dominique Thomas estime que David Cameron pourrait ‘’donner un tour de vice supplémentaire aux textes législatifs existants. Mais il ne faut pas qu’il abandonne la politique de dialogue que le Royaume-Uni pratique depuis des années’’. Selon le chercheur, le dialogue avec les groupes plus ou moins radicaux restera plus efficace et moins polémique que la limitation de la liberté d’expression. Une opinion que la fondation Quilliam ne partage pas. Pour elle, le problème doit désormais être pris ‘’à bras-le-corps’’.

 

 

 

marie.billon@gmail.com

 

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