Le Parlement sorti de la dernière élection est le plus rebelle que le Royaume-Uni ait connu depuis 1945.

Les parlementaires élus en mai 2010 sont les plus rebelles à occuper les bancs de Westminster depuis 1945, révèle une étude de The Independent menée par les professeurs Philip Cole et Mark Stuart de l’Université de Nottingham. Les membres des Communes se sont rebellés – en plus ou moins grand nombre – dans 84 des 160 votes qui se sont tenus à la Chambre entre le début de la session, en mai, et les vacances de Noël du 20 décembre.

Dans un peu plus de la moitié de ces votes, des parlementaires conservateurs et libéraux-démocrates n’ont pas suivi les indications des Whips, ces parlementaires chargés de la discipline de vote. L’exemple le plus retentissant est celui du vote pour l’augmentation des frais d’université où la coalition s’est retrouvée avec une majorité de 21 voix, alors qu’il compte 84 parlementaires pour asseoir sa majorité à la Chambre.
 

‘’La rébellion est devenue la norme’’
 

‘’Le comportements des backbenchers a beaucoup changé depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, mais il y a cependant eu une constance : la rébellion est toujours restée une exception, la cohésion la norme (…). Dans ce parlement, c’est pour l’instant tout le contraire : la rébellion est devenue la norme’’, explique le Professeur Cowley. Si on ne parle ici que des backbenchers c’est parce que la solidarité gouvernementale continue de jouer. Pour celui qui voudrait se rebeller alors qu’il détient une fonction ministérielle, la tradition veut qu’il démissionne, bien que Nick Clegg ait souhaité faire une exception lors du vote sur les frais d’université.

Parmi les Conservateurs 73 backbenchers, sur un total 307 députés Tories aux Communes, ont voté au moins une fois contre les projets du gouvernement, notamment certains élus pour la première fois en mai 2010. Sur des sujets européens, 57 ont, par exemple, brisé les rangs.

Près d’un tiers de rebelles

Chez leurs partenaires de coalition, un quart des 57 libéraux-démocrates n’ont pas suivi la discipline de parti, notamment à propos de l’augmentation de la TVA.
Beaucoup de libéraux-démocrates accusent Nick Clegg d’avoir ’vendu son âme’ aux conservateurs, notamment sur les frais d’université.

En tout, 103 parlementaires sur les 364 que compte de la majorité de la coalition ont votés au moins une fois contre les projets du gouvernement, soit près d’un tiers des membres des Communes.

Chez les conservateurs, la rébellion s’est surtout portée sur les sujets européens, notamment la contribution au budget européen. C’est un des principaux points de friction entre les deux partenaires de coalition. Les Tories sont réputés pour leur euroscepticisme et les libéraux-démocrates pour leur europhilie. Or David Cameron n’a pas réussi à négocier la non augmentation de la part de la contribution britannique au budget européen cette année.

Il faut rappeler que si ce parlement est le plus rebelle depuis 1945, il est aussi le premier parlement issu d'un gouvernement de coalition depuis la même date.

TOP 10 des rebelles

Dans le TOP 10 des parlementaires les plus rebelles, neuf sont conservateurs, et ils occupent les quatre premières places. La coupe revient à Philip Hollobone qui a voté non 44 fois, soit sur plus de 27% des votes. La cinquième place est occupée par le lib-dem Mike Hancock.

Ce bilan fragilise la coalition qui peut être secouée à chaque vote. Une situation qui crée des dissensions et affaiblie considérablement le gouvernement puisqu’il ne peut pas compter, aveuglément, sur la loyauté des ses parlementaires. Une rebellion fournie pourait remettre en cause la coalition. David Cameron se retrouverait alors un gouvernement minoritaire, ce qui lui rendrait toute victoire aux Communes virtuellement impossible, et pourrait provoquer une élection anticipée.

Mais ce scénario reste encore lointain bien que les dissensions sont déjà importantes à propos du référendum sur le vote alternatif lété prochain. Les conservateurs sont contre - et David Cameron se réserve le droit de faire campagne contre - alors que les libéraux-démocrates et certains travaillistes lui sont favorables.

marie.billon@gmail.com

Photos de présentation, Marie Billon
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