Le Premier ministre qui fait non
François Fillon a rencontré David Cameron à Londres, jeudi 13 janvier. Les deux Premiers ministres ont discuté de problématiques européennes. Comme il s’y attendait, le chef du gouvernement français s’est heurté à l’euroscepticisme de son homologue.
David Cameron dit non. Non à des choses qui ne lui sont pas demandées... explicitement. Jeudi, lors de sa visite à Londres, le Premier ministre francais, a cherché à obtenir le soutien de la Grande-Bretagne dans un projet ne concernant que l’eurozone – dont la Grande-Bretagne ne fait pas partie. Face à la crise qui persiste en Europe, François Fillon souhaite que les pays de la zone euro augmentent leur coopération en matières fiscale et sociale.
François Fillon n'était pas dupe quant à l'enjeu de sa visite Londres. Depuis le début de son mandat, David Cameron répète à l’envie que la bonne santé de la zone euro est dans son intérêt, mais que la Grande-Bretagne n’y mettra pas un orteil tant qu’il est Premier ministre.
François Fillon est donc venu pour s’entendre répéter les mêmes formules puisqu’il a immédiatement prévenu les Britanniques : "Je ne suis venu demander ni aide ni modification de la politique de la Grande-Bretagne (…) Mais nous demandons qu'elle ait un regard positif sur cet effort de cohérence (…) qu’elle ne s'en offusque pas, ne le considère pas comme un danger pour elle".
Rebelote, David Cameron a donc dit les mots qu’il fallait pour apaiser son homologue, mais n'a pas modifié sa position d'un cil : ‘’Une zone euro forte et en bonne santé est dans l'intérêt de la Grande-Bretagne. Nous voulons que les pays de la zone euro se sortent de leurs difficultés et nous ne nous mettrons pas en travers du chemin. Mais permettez-moi d’être clair : cela ne signifie en aucun cas que la Grande-Bretagne sera entraînée dans de nouveaux mécanismes ou de nouvelles procédures ou encore qu’elle cèdera un peu plus de ses compétences’’.
David Cameron avait besoin de se montrer ferme face à l’Europe pour contenter son parti à forte tendance eurosceptique, et qui ne manque pas une occasion pour monter au créneau lorsqu’il s’agit d’Europe. Les Conservateurs se méfient notamment de leur partenaire de coalition, les libéraux-démocrates réputés europhiles. Mais on aurait pu dire à François Fillon – et à Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, en visite à Londres le même jour - qu’ils allaient en Grande-Bretagne pour tendre le bâton pour se faire battre !
marie.billon@gmail.com
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