Royaume-Uni - Révolutions arabes : après le déluge, moi !
Première arrivée en Tunisie, première arrivée en Egypte ! La diplomatie britannique a pris de cours tous ses partenaires européens et internationaux. Le pays espérait ainsi sécuriser ses intérêts tout en réaffirmant son soutien à la démocratie.
David Cameron et William Hague ont été les premiers chef et membre de gouvernements étrangers à se rendre en Egypte et en Tunisie après la chute de Zine El Abedin Ben Ali et d’Hosni Moubarak. La diplomatie britannique a tenu à être la première à visiter ces pays après leurs révolutions, par solidarité envers le désir de démocratisation des peuples, mais aussi pour cultiver ses intérêts économiques et soutenir le combat contre l’extrémisme.
Le ministre des Affaires étrangères britannique s’est rendu en Tunisie le 11 février dernier, tandis que David Cameron était en Egypte ce lundi pour rencontrer notamment le premier ministre Ahmed Shafik. Le Premier ministre britannique a ainsi grillé la priorité à sa compatriote, la Haute représentante pour les affaires étrangères de l'Union Européenne, Catherine Ashton, qui était en visite au Caire ce mardi.
‘’Diplomatie économique’’
William Hague a tenu à saluer en la Tunisie un pays ‘’qui aspire à un plus grand développement économique’’. Et le voyage de David Cameron, prévu de longue date, était clairement orienté vers des opportunités commerciales. Avant la démission de Moubarak, le Premier ministre ne devait même pas passer par le Caire pour ce voyage effectué avec une armada de chefs d’entreprises d’infrastructures mais aussi d’armements.
Et c’est bien ce qui fait tiquer le parti travailliste : ‘’L'industrie de défense est importante pour la Grande-Bretagne, mais beaucoup seront surpris que le Premier ministre envisage précisément cette semaine de renforcer les ventes d'armes au Moyen-Orient", estime Kevan Jones, en charge du dossier défense au Labour.
Comme le remarque Le Monde, ‘’l’interventionnisme libéral’’ de Tony Blair a clairement laissé sa place à la ‘’diplomatie économique’’. David Cameron a tenu à se distancier de la stratégie diplomatique des gouvernements précédents : ‘’durant des décennies, certains ont estimé que la stabilité ne pouvait être atteinte sans régime autoritaire, et que les réformes et l’ouverture, mettraient tout cela en danger’’, a-t-il regretté. Le Premier ministre a donc tenu à saluer, en ces révolutions, une ‘’précieuse opportunité’’ pour des réformes politiques au Moyen-Orient.
Au Foreign Office, on explique simplement cette réactivité par le souhait du gouvernement Cameron de ‘’se montrer plus présent depuis son installation en mai 2010’’. Mais il ne faut oublier que le Royaume-Uni est le premier investisseur étranger en Egypte, à hauteur de 20 milliards de dollars ces 20 dernières années, et que le groupe pétrolier britannique BP est présent en Libye.
Contre-terrorisme
L’empressement de la diplomatie britannique à tendre la main à ces pays en transition est aussi clairement dicté par des intérêts intérieurs, outre le volet économique. Il est dû à sa crainte que les extrémistes n’occupent la place laissée vacante par les régimes autoritaires, et à la propagation du terrorisme islamiste.
Lundi en Egypte, David Cameron s’est réjoui de constater que ‘’ce n’est pas une révolution islamiste [qui s’est tenue ici], qu’il n’y a pas d’extrémisme dans les rues. C’est un peuple qui veut uniquement jouir des libertés fondamentales que nous considérons, au Royaume-Uni, comme acquises.’’
Mardi, au Koweit, il a à nouveau précisé que ‘’les réformes politiques et économiques dans le monde arabe ne sont pas seulement bonnes pour les pays concernés, mais jouent aussi un rôle clé comme antidote à l'extrémisme qui menace la sécurité de tous".
Défense des droits de l’homme
Mais la Grande-Bretagne n’est pas uniquement intéressée par son porte-monnaie ou sa propre sécurité. Son attachement à la démocratie ne fait pas de doute, et, depuis le début des révolutions, Downing Street a toujours défendu le droit des peuples à vivre en démocratie et a immédiatement condamné les répressions que les manifestants subissaient.
"La violence n'est pas la réponse aux aspirations légitimes du peuple (…) Le monde entier a été choqué par la violence révoltante dont les autorités en Libye ont fait preuve contre leur propre peuple ces derniers jours", a estimé David Cameron, mardi, devant le parlement du Koweït. Son discours marquait notamment le 20ème anniversaire de la libération du pays après l'invasion irakienne de Saddam Hussein.
William Hague, en Tunisie, avait lui aussi salué la volonté de liberté du peuple en annonçant la création d’un partenariat, ‘’the Arab Partnership Initiative’’, débloquant des fonds à hauteur de £5 millions pour aider la région à développer son système judiciaire, la liberté d’expression et la démocratisation des institutions.
marie.billon@gmail.com
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