Les Britanniques à la recherche de la porte de sortie de l’Europe

Une campagne vient d’être lancée au Royaume-Uni qui entend contraindre le gouvernement à organiser un référendum sur l’avenir des Britanniques dans l’Union européenne. La question serait alors : voulez-vous quitter l’UE ?

 

Les Britanniques font décidemment tout ce qu'ils peuvent pour honorer leur réputationd’eurosceptiques invétérés. Une nouvelle campagne a été lancée hier, lundi 14 mars, visant à recueillir assez de signatures pour obliger le gouvernent à organiser un referendum sur une question lourde de sens et de conséquences : le Royaume-Uni doit-il rester dans l'Union Européenne?


The ‘People's pledge’ propose aux signataires à faire cette promesse : ‘’je m’engage, lors des prochaines élections, à voter pour un candidat qui a publiquement promis de soutenir un référendum sur l’appartenance à l’Union européenne et voter en sa faveur dans la Chambre des Communes’’.


Les résultats de la campagne - même si le ‘oui’ l'emporte - ne mèneront le pays vers la sortie de l’UE. Mais ses organisateurs espèrent qu'ils convaincront les dirigeants d’organiser un referendum qui, lui, pourrait faire sortir le Royaume-Uni pour de bon – et lui rendre ainsi son indépendance, estiment-ils.


61% de sondés en faveur d’un référendum


L’initiative n'est pas inédite. L'an dernier, le député européen conservateur, Daniel Hannan, avait initié un mouvement similaire, sans succès. Nick Clegg et David Cameron s’étaient aussi dit favorables à une telle consultation lors de la campagne de 2010. Or la semaine dernière, le Premier ministre a dit désapprouver l'initiative du 'People's Pledge’. Le

Daily Mail croit voir dans ce changement d'humeur un aveu d'impuissance, et surtout l'annonce d’un oui massif à la campagne.


C'est que cette fois-ci, un sondage de YouGov montre que les Britanniques ne sont pas insensibles à la question. 61% des 2.438 électeurs interrogés se sont prononcés en faveur du referendum et seulement 25% contre. En somme, ils sont deux fois plus nombreux à vouloir se prononcer sur l'Europe que sur le mode de scrutin alors que le referendum sur le système alternatif doit se tenir le 5 mai prochain.

 

Le fonctionnement de l’UE est-il assez démocratique?


"La demande est latente mais gigantesque pour ce referendum sur l’Europe. Les gens en ont assez de ce déni de démocratie dans lequel on leur propose un référendum sur le Pays de Galles, mais pas sur ce qui les intéresse vraiment parce que le résultat serait trop dur aà gérer", estime Mark Seddon, homme de gauche et favorable au référendum.


Pour les Britanniques, la question qui leur est posée n'est pas : ''êtes-vous pour ou contre l'Europe?'' mais "estimez-vous que son fonctionnement n'est pas assez démocratique?". Pour beaucoup la réponse à cette dernière est oui. Les Britanniques ont une tradition parlementaire très fortement ancrée. Ils se sont plusieurs fois dans leur histoire battus pour sauvegarder sa souveraineté. Aujourd'hui, ils ont l’impression que les compétences dévolues à l'Europe la remettent en cause.


"Le dernier referendum portant sur l'Europe s'est tenu en 1975, pourtant la nature de l'Union a changé du tout au tout depuis lors", explique Daniel Hannan. Il est vrai que cinq traités ont été ratifiés, plus de 30.000 lois concernant le Royaume-Uni ont été votées, et l'élargissement a atténué la voix des Britanniques.


Les Eurosceptiques et les Europhiles mains dans la main


Pour toutes ces raisons mais surtout pour son manque de fonctionnement démocratique, the "People's pledge" pourrait effectivement remporter un nombre de voix assez important car il peut séduire les eurosceptiques comme les europhiles, telle la chef des Verts, Caroline Lucas. "Je suis en faveur d’un référendum, non pas parce que je suis eurosceptique -car je ne le suis pas -mais parce que je crois en la démocratie", a-t-elle déclaré.


Quelque soit le résultat, le gouvernement actuel ou celui qui sortira des prochaines élections ne sera pas obligé d’organiser un référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Europe. Chaque candidat ne se prononcera peut-être pas sur ce référendum. Et les nécessités du moment – en 2015 – prendront peut-être le dessus dans le choix des Britanniques qui pourraient alors ne pas tenir leur promesse.

 

marie.billon@gmail.com

 

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