Référendum du 5 mai : Avec le BNP, "Win the yes, need the no to win, again(st) the no"
A un mois du référendum sur le vote alternatif, le camp de 'oui' a décidé de jouer la provocation et la contradiction. Nick Griffin, leader du BNP, figurera en grand sur les affiches du 'oui' alors qu'il vote pour le 'non'.
Votez oui puisque Griffin dit non! C'est la nouvelle stratégie de la campagne en faveur du oui au referendum sur le vote alternatif (AV system du 5 mai prochain).
Nick Griffin, President du British National Party (BNP), la droite nationaliste, est largement perçu en Angleterre comme une "a hate-figure", comme le dit The Independent. En somme, quelqu'un avec qui il ne faut pas être d'accord. C'est bien là-dessus que compte jouer la Yes Campaign.
"Win the yes, need the no to win, again(st) the no". Ça vous rappelle quelque chose? L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac, Jean-Pierre Raffarin, lors de la campagne pour la constitution européenne de 2005!!!
Des recherches auraient, selon The Independent, révélé que "l'opposition du BNP au vote alternatif a pour effet de renforcer extraordinairement le camp du oui". Selon Kathie Ghose, la Presidente du "Oui pour un système de vote plus juste : "A la seconde, où les électeurs apprennent que Nick Griffin fait campagne pour le 'non', ils se décident pour le 'oui'".
16% des Britanniques en faveur du AV system
Les pros AV doivent effectivement rivaliser d'ingéniosité. A un mois de la consultation, un sondage YouGov, effectué la semaine dernière auprès de 2391 personnes, révèle que seuls 16% souhaitent l'introduction du AV system. Et uniquement 19% appellent de leurs vœux un vote proportionnel plus simple.
Ce referendum sur le changement de scrutin était une promesse du leader des Liberaux-démocrates lors de la campagne de 2010. Mais en entrant dans la coalition auprès de David Cameron, il a accepté de rencontrer les Conservateurs à la croisée des chemins : ni proportionnelle ni first-past-the-post en vigueur aujourd'hui, mais le système alternatif.
Les électeurs devraient alors noter les candidats en ordre de préférence. Les voix de ceux qui auraient recueilli le moins de points seraient ensuite redistribuées jusqu'à ce qu'un candidat obtienne 50%.
Compliqué! Et si Nick Clegg a rongé son frein, il a quand même été tout d'abord déçu par ce "misérable petit compromis".
Un compromis qui, selon Kathie Ghove, serait d'ailleurs au détriment du parti de Nick Griffin.
Guerre des chefs
Il est aussi possible de retoucher un peu le panneau publicitaire montrant le chef du BNP pour le remplacer par le visage du Premier ministre, David Cameron, qui fait campagne pour le non... contre son partenaire de coalition, Nick Clegg.
Pourtant, si ce referendum déchire un peu la coalition, ce ne sera pas au bénéfice de Nick Griffin, même si le 'non' l'emporte, car sa figure est trop connotée. En revanche, si le 'oui' l'emporte et que le Premier est, en quelque sorte, désavoué, c'est Ed Miliband qui en sortira grandit. (On sait bien en France, depuis le référendum sur la constitution européenne, à quel point un referendum portant sur 'Y' peut se retrouver avec des votes portant sur la question 'X'.)
Le leader du parti Travailliste pourrait donc ressortir grandi d'un 'oui' au référendum. Aux côtés des Liberaux-démocrates? Pas vraiment, puisque les deux chefs de partis ont refusé de faire campagne tout deux ensemble sur une même estrade...
Des questions de personnes presque aussi compliquées que le AV system lui-même.
En 2006, le "Win the yes, need the no to win, again(st) the no" de Rafarin -faisant campagne pour le 'oui' - avait fait chou blanc puisque les Francais ont voté non. Les Britanniques sauront-ils mieux saisir la fine nuance et la clarté obscure de cette phrase? Ou tout simplement l'anglais rafarinien?
marie.billon@gmail.com
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