La chambre des Lords, pleine à craquer
Si la coalition continue à nommer des Lords comme elle le fait depuis son arrivée au pouvoir, la Chambre haute du Parlement comptera plus de 1000 membres. Selon un rapport de l'UCL, leur nombre constitue déjà une immense force d'inertie.
En moins d'un an, 117 nouveaux Lords ont été crées. 792 pairs siègent donc actuellement dans la Chambre haute du Parlement britannique. Un nombre très largement au-dessus de la moyenne et qui, selon un rapport de l'unité constitutionnelle de la University College of London (UCL) - le bien nommé "House full" - commence à endommager le fonctionnement de la Chambre rouge. Le document a été avalisé par des professeurs, des MPs et des pairs.
"Augmenter encore le nombre de pairs pourrait nuire à l'efficacité de la Chambre. Et le pays ne réclame pas non plus un Parlement plus grand", estime le rapport.
Avec ces nominations, le nombre de Lords voulant participer aux débats et aux commissions a lui aussi augmenté, ralentissant considérablement les discussions.
‘’Atmosphère fractionnelle’’
Lors de l'étude de la ‘Parliamentary Voting and Constituencies Bill’, le gouvernement a failli introduire une ‘’motion guillotine’’ pour mettre fin à d'interminables débats, une procédure d'habitude utilisée aux Communes. "Tout cela crée une atmosphère fractionnelle, et suscite de plus en plus de frustrations chez les membres qui ne peuvent plus apporter une contribution efficace", estime le rapport.
Selon l'auteure du document, Megg Russel, ces nominations à-tout-va menacent aussi "l'atmosphère courtoise" qui règne habituellement dans la Chambre. Les Lords étant censés être non politisés, ils sont supposés travailler en bonne intelligence.
Les traditions en pâtissent
Les traditions elles aussi souffrent de cet afflux de nouveaux arrivants. D'ordinaire, la "socialisation" d'un nouveau Lord se fait dans les règles de l'art. Après tout, il devient membre d'une maison ancestrale ! Aujourd'hui, les nouveaux venus sont accueillis à la chaine et par des regards soupçonneux.
L'idée partait pourtant d'un bon sentiment élaboré durant la lune de miel de David Cameron et Nick Clegg. Le but était d'augmenter la taille de la chambre des Lords afin qu'elle représente plus justement les succès des différents partis politiques lors des dernières élections.
Selon le Daily Telegraph, le gouvernement aurait réfuter les conclusions de ce rapport rappelant que le parti travailliste, la troisième formation politique du pays, est toujours largement plus représentée, que les deux premières.
Le rapport estime que pour atteindre l’objectif que la coalition s’est fixée, encore 269 Lords devraient être nommés. La Chambre serait alors composée de 1072 membres !!
Hécatombe
L'UCL appelle donc à un moratoire des nominations jusqu'à ce que la Chambre soit redescendue à 750 membres. Il faudrait donc attendre que près de 50 Lords meurent, puisqu'ils ne peuvent pas démissionner ! Mais le rapport propose aussi d'accorder aux pairs le droit de choisir de quitter la Chambre.
Une reforme très symbolique qui ne suffit pas au vice-premier ministre, Nick Clegg, qui compte, dans un futur proche, proposer une réorganisation fondamentale de la Chambre des Lords. Il souhaite qu'elle devienne un organe élu à 80% avec seulement 20% de nominations. Dans cette configuration, les démissions devront être permises, sinon, c'est une véritable hécatombe à laquelle il faudrait s'attendre pour la reforme devienne effective.
marie.billon@gmail.com
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