Dans «The Guardian»: L'homophobie s'installe-t-elle à Londres?
Paru sur Têtu.com. REVUE DE PRESSE. Le quotidien britannique rapporte l'agression d'une icône gay londonienne, Philip Sallon, et estime que les agressions à caractère homophobe se sont largement multipliées ces dernières années à Londres.
Londres n'est peut-être pas aussi gay friendly qu'on le pense. Dans un long article, le Guardian recense de nombreuses agressions ou vexations homophobes qui donnent un grave coup de canif à l'image et à sa réputation de «capitale gay» de la ville.
«La ville est de plus en plus aggressive»
Le dernier fait maquant en date est l'éjection d'un couple gay qui s'embrassait dans un pub mi-avril. Mais au début de ce mois Philip Sallon, un ami du chanteur Boy George et une figure connue du milieu homosexuel londonien, a aussi été gravement agressé à Picadilly Circus, dans Soho, le quartier gay de la capitale. Son pronostic vital a d'abord été engagé, mais il s'en est finalement sorti et poursuit désormais sa convalescence. On ne sait pas encore si cette agression est véritablement à caractère homophobe, Philip Sallon ne se souvient pas de ce qui s'est passé. Malgré un appel à témoin, personne ne s'est présenté à la police. Devant ce silence, les amis de Sallon ont organisé une parade dans Soho pour sensibiliser ceux qui pourraient avoir vu l'agression. L'événement a eu l'effet inverse. La parade elle-même a été attaquée. Des bannières ont été arrachées et un drag queen a été agressé.
Tous ces événements font dire à Boy Georges que «le Londres dans lequel j'ai grandi n'existe plus. Son sens de l'entre-aide s'est érodé. La ville est de plus en plus (...) agressive et sans âme. Dans les années 80 les choses avaient commencé à changer, l'ouverture des esprits était en marche. Mais cette merveilleuse jeunesse n'existe plus aujourd'hui.»
«Homophobie rampante»
Les crimes à caractère homophobe ont pourtant baissé de 3% dans la capitale l'an dernier, rapporte le Guardian. Mais ce chiffre cache bien les 20,9% d'augmentation des mêmes crimes à West End, le centre-ville, là ou se trouve le quartier gay, ajoute le quotidien.
«L'intolérance qui s'est fait jour avec l'histoire du couple gay expulsé du pub, n'est qu'une partie d'un tout qui forme une véritable tendance, explique Paul Shelter, l'activiste des droits LGBT qui a organisé un kiss-in de protestation après cette affaire (lire notre article). La semaine précédente, deux autres couples de même sexe ont été injustement interdits d'entrer dans des pubs. Et des autocollants anti-gay ont été placés à plusieurs endroits dans l'est de Londres (photo ci-dessus). Ce kiss-in était notre manière de réagir à l'homophobie rampante londonienne», ajoute-t-il. Sam Dick, un chercheur pour l'organisation Stonewall, va même plus loin. S'appuyant sur des études, il estime que «les gay se sentent plus en danger à Londres que n'importe où ailleurs dans le pays».
Agressions fatales
Le Guardian site de nombreuses agressions perpétrés dans la capitale, dont certaines ont été fatales à la victime, comme en 2005 pour Jody Dobrowski ou plus récemment en 2009 pour Ian Baynhan, tué lui aussi près de Soho.
«La plupart des crimes homophobes ne sont pas rapportés à la police, explique l'activiste des droits de l'homme Peter Tatchell. Le nombre d'agressions de petites envergures est certainement plus important qu'on ne le pense. J'ai moi-même été attaqué plus de 300 fois ces 20 dernières années», conclut-il.
Publié sur Têtu. com, par Marie Billon mardi 03 mai 2011
0 Comments
Poster un nouveau commentaire