Ne vous attendez pas à en savoir plus sur la fonction de WPM (wife of Prime Minister), dans Behind the Black doors, Sarah Brown se contente de nous livrer son agenda avec commentaires, mais rien de plus.

C’est dommage ! Un livre écrit par la femme d’un Premier Ministre pourrait avoir une valeur politique et historique. Il suffirait d’un peu de théorisation du rôle. Malheureusement, Sarah Brown se contente de faire défiler son agenda dans ‘’Behind the black doors’’. L’ouvrage a son intérêt si l’on s’intéresse à Sarah Brown en elle-même, mais il en a beaucoup moins si on le lit en espérant en apprendre plus sur la tâche d’une WPM (Wife of Prime Minister).

Le début est plein de bonne volonté, avec une esquisse de théorisation quand Sarah Brown commence à s’intéresser à sa tâche sans l’avoir encore touché du doigt. Mais très vite, ce n’est qu'un défilé de rendez-vous et de voyages.

Il est vrai que ce sont là les activités principales d’une WPM comme elle le dit elle-même : ‘’une grande partie des devoirs d’une WPM est d’accueillir et de passer du temps avec les époux et épouses des chefs [répétitions] des dirigeants et des présidents d’organisations internationales’’.

Le menu affiché en toute lettre

On ne peut pas accuser Sarah Brown de ne pas nous avoir prévenu de la teneur de son livre. Dès la page 16, elle donne son programme : ‘’Mes enfants étant très jeunes, je dois mettre du temps de côté pour eux et notre famille : ensuite, avec le temps qui me reste, je me dévouerai à des causes qui me tiennent à cœur, et je continuerai à ouvrir le 10 Downing Street à des associations et à autant de visiteurs possibles’’.

Le combat principal de Sarah Brown est la santé maternelle. Elle veut faire baisser le nombre de morts dues aux accouchements. Mais, encore une fois, elle détaille plus son programme de rendez-vous que ses véritables actions. D’autre part, pour quelqu’un qui dit soutenir les droits des femmes, évoquer ‘’l’épouse’’ du Président Sud Africain Zuma, alors qu’il en a plusieurs, relève de la maladresse (p.312).

Anecdotes et vie quotidienne

Bien sûr, le livre n’est pas dépourvu d’anecdotes sympathiques, comme lorsque Sarah Brown révèle qu’il n’y avait pas internet au 10 Downing Street avant Gordon Brown ; ou qu’elle explique la mise en scène, chaque Noël, de la photo avec une énorme dinde au 10 Downing Street ; ou encore sur l’importance et le choix des cadeaux aux visiteurs. Elle partage même ce petit épisode avec le président français, Nicolas Sarkozy, qui a confié au couple Brown le secret de son mariage avec Carla Bruni dès qu’il a mis les pieds au 10 Downing Street, sans s’attarder sur les salutations ou autres cérémonies.

Sarah Brown évoque aussi les principaux obstacles qui se sont dressés sur la route de Gordon Brown. Mais si elle parle de cette période durant laquelle son époux était accusé de ‘’maltraiter’’ ses collègues, elle ne parle pas de l’épisode durant lequel, il a traité une femme de ‘’bigotte’’. C’est pourtant l’événement de la campagne qui lui a définitivement ôté toute chance d’être réélu.

Sarah Brown, s’évertue aussi à montrer à quel point The Sun a mené une campagne acharnée contre son mari. Et c’est presque de bonne guerre, tellement, le tabloïd les en a fait baver.

Des pages de détails insignifiants

Mais ce qui rempli la plupart des pages se sont les déplacements, les détails insignifiants comme ‘’Un coiffeur local, Peter, est ici. Je ne suis pas sûre d’avoir besoin d’un coup de peigne, mais il serait malpoli d’annuler maintenant. Peter regarde la TV avec une grande attention, car il n’en a pas chez lui. Il me fait un rapide broching et me demande mon autographe’’.

On a aussi parfois l’impression que Sarah Brown est payé pour citer les marques de ses vêtements. Sinon, pourquoi nous détaillerait-elle les marques et les modèles si souvent ?

Aussi fastidieuses sont les listes d’invités aux dîners. Des paragraphes de plus de 20 lignes y sont parfois consacrés. Pour créer le suspens, Sarah Brown aurait mieux fait de mettre les listes de noms de chacun des événements qu’elle raconte, à la fin du livre. Le mystère nous aurait titillé et nous serions peut-être aller jeter un œil sur la liste… peut-être. Mais la plupart du temps, c’est plutôt une invitation à sauter des paragraphes voire des pages entières en espérant trouver plus passionnant plus loin.

Défense de l'homme pas du politicien

Bien sûr Sarah Brown défend son époux face à l’adversité. Selon Tanya Gold du Daily Telegraph, ''elle a clairement écrit ce livre pour sauver son mari des critiques. Si elle avait été plus franche, elle aurait peut-être réussi, mais au lieu de cela, elle magnifie le mythe''.

Sarah Brown défend son époux sur un ton trop personnel, qui défend l’homme et non le politicien. Si Outre-manche, les attaques sont souvent personnelles, ce genre de défense reste d’un intérêt relatif. On voudrait savoir comment Gordon Brown a réagit, et quelle stratégie il a adopté plutôt que de répéter des banalités du genre ‘si vous le connaissiez comme je le connais, vous verrez à quel point c’est un homme merveilleux.’’

En somme, ce livre mérite difficilement sa place au rayon politique, car les affaires de l’Etat ne sont qu’une toile de fond cachée derrière les récits d’une mère et d’une épouse qui se trouve vivre dans une grande maison connue sous le nom de Downing Street. Adresse qui la contraint à des obligations mondaines.

On ne s’attendait pas à ce que Sarah Brown verse dans la polémique et nous raconte le couple Blair/Brown de l’intérieur. Simplement qu’elle nous EXPLIQUE ce que qu’être une WPM plutôt que de nous le RACONTER comme si nous étions dans son boudoir avec elle.

marie.billon@gmail.com

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