COMPARAISON N'EST PAS RAISON : SlutWalks, ''Fière d'être une salope''
Chronique du 25 juin 2011. Les SlutWalks déferlent en France et au Royaume-Uni. c'est une nouvelle forme de féminisme qui est née.
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"Fière d'être une salope", avec ce genre de slogan, pas de doute, le féminisme a bien changé. Aujourd'hui, on ne brûle plus son soutien-gorge, on l'exhibe !
Ce nouveau féminisme, c'est celui des "SlutWalks", traduisez des "cortège des salopes", excuse my French. Elles sont nées au Canada avant de se développer en Europe, notamment à Paris et à Londres.
Le but de ces manifestations, où les femmes défilent en majorité en tenues légères, brassières et string apparents, est résumé dans un slogan : "my clothes aren't my consent", qu’on peut traduire par "mon style vestimentaire ne veut pas dire que je veux coucher".
C'est bien contre le viol et pour le droit de s'habiller comme elles l'entendent sans se sentir en danger que ces femmes manifestent.
En France, on dirait que ces cortèges sont nées avec l'affaire DSK. Concomitance de dates oblige. Certaines participantes de ces SlutWalks à la française portaient d’ailleurs une pancarte sur laquelle on pouvait lire "nous sommes toutes des femmes de chambres" en signe soutien à la victime présumée de DSK.
Cette nouvelle vague de féminisme n'est pas partie de Paris; elle est bien née à Toronto. Là-bas, un policier donnant un séminaire sur les agressions sexuelles a dit tout-de-go : "Si vous ne voulez pas être violées, ne vous habillez pas comme des salopes".
L'officier a présenté des excuses mais le mouvement était lancé.Ce mouvement a même tenu a garder le mot "slut", "salope" dans son titre, pour conjurer le sort comme l'explique une de ces femmes : "On se réapproprie le mot salope. En reprenant ce terme, nous lui enlevons sa force. Comme les gays qui ont repris le mot queer”.
Tout de même, vous en conviendrez, le mot "salope" a toujours des airs d'insulte et iIl y a encore du chemin à parcourir.
D'ailleurs, toutes les féministes ne brandissent pas le nom de "salope" avec le même enthousiasme, loin de là. Le collectif "Osez le féminisme" a même refusé de participer au cortège des salopes parisiennes, fin mai, justement à cause de son appellation.
Mais puisque les Français ne sont pas les seuls nombrilistes de la planète, les Britanniques eux aussi ont pu croire qu'ils étaient à l'origine de cette nouvelle vague de féminisme.
Une réplique de David Cameron a déclenché l'ire de la Chambre des Communes puis de tout le pays, fin avril.
Lors d'une séance de questions au Premier ministre David Cameron s'adressant à une députée a eu cette remarque qu'on a jugé extrêmement "sexiste" : ''Calme-toi chérie, calme-toi, écoute ce que te dit le docteur".
David Cameron s'est défendu en disant qu'il reprenait la réplique d’une publicité très connue Outre-Manche, mais le mal était fait.
Pourtant, cet incident n'a pas réussi a délier la langue des parlementaires femmes de Westminster comme l'affaire DSK a délié celles des députés et sénatrices françaises.
Beaucoup ont commencé à parler de l'ambiance hostile que créent les hommes, encore largement plus nombreux qu’elles dans les arcanes du pouvoir et de la politique. Chantal Jouanno, ministre des Sports, a même dit quelle évitait de s'habiller en jupe a l'Assemblée pour éviter les remarques.
Les députées françaises n'ont pas été les seules à se sentir libérées par l'affaire DSK, puisque l’'Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail dit avoir reçu six fois plus d'appels depuis l'arrestation de l’ex directeur du FMI.
Selon les associations, ce n’est pas tant l’arrestation de DSK que les commentaires de ses amis et affiliés qui ont incité les femmes à sortir du bois avec en tête : les ‘’troussage de soubrettes’’ de Jean-François Kahn et les ‘’il n’y a pas mort d’homme’’ de Jack Lang.
Pourtant au Royaume-Uni, le mouvement des SlutWalks est un peu contredit par le Premier ministre lui-même lorsqu'il défend le rapport "Let Children be Children", "Laissez les enfants être des enfants".
Dans le débat qui a suivi, sur la sexualisation des enfants, les conservateurs disent bien que les petites filles voulant s'habiller comme des Lolitas perdent prématurément leur innocence.
Celles qui s’habillent en mini-jupe et dessous apparents et affriolants doivent être assez matures pour savoir ce que cela signifie; et, c’est sous-entendu, en assumer les conséquences.
C’est tout à fait contraire à l’esprit des SlutWalkers, mais le Daily Mail, quotidien conservateur, estime dans un article du 16 juin, que les femmes n’ont pas le droit de se dédouanner de toute responsabilité : ‘’celle qui porte une jupe qui la couvre à peine, veut qu’on la regarde et qu’on fantasme sur elle’', peut-on lire.
Si on suit ce raisonnement, le courant des Lolitas est carrément malsain.
Pour les Tories, comme pour l’UMP en France, les pré-adolescentes ont donc bien le temps de devenir des "salopes"… au sens féministe du terme bien sûr.
Mais selon Caitlin Moran, auteure de "How to be a woman", "Comment être une femme", les Français pourraient accuser les British d’avoir transformer leurs fillettes en Lolitas. L'auteure estime que la vague persistante des Lolitas est née des Spice Gilrs, ce girls-band britannique des années 90.
Pour Caitlin Moran, le Girl power est cet ovni qui a ‘’tué le féminisme pendant une décennie" car ses deux seuls messages étaient:
1) C'est super d’avoir des copines
2) Je devrais vraiment porter des mini jupes.
Spice Girls ou pas, la mini-jupe est bien le porte-drapeau des SlutWalks. Et même s’il n'y a pas beaucoup de tissus à agiter c'est pourtant une véritable tempête quelles ont déclenchée, dans les esprits d'abord.
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''Comparaison n’est pas raison'' sur French Radio London, le samedi après 17h30, le mercredi après 20h00 et le vendredi après 13h30 (heures françaises). "Comparaison n'est pas raison", c'est le regard étonné et amusé d'une Parisienne sur l'actualité britannique. Parce qu'essayer de comprendre l'Outre-Manche à travers des codes hexagonaux aboutit souvent à un résultat tiré par les cheveux.
marie.billon@gmail.com
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