‘’Just Boris’’, mais pas encore assez...

Dans‘’Just Boris’’, Sonia Purnell livre une biographie très complète de l’actuel maire de Londres, Boris Johnson. Mais tous les détails ne suffisent pas à faire oublier qu’elle ne parvient pas à percer le mystère Boris.

 

                   

 

Si vous lisez ‘’Just Boris’’, vous connaitrez la vie de Boris Johnson dans ses moindres recoins, ou presque… mais vous n’aurez pas les clefs pour véritablement comprendre le phénomène Boris. Ce livre de 500 pages couvre toute la vie du maire de Londres avec parfois des détails extrêmement pointus. La vie de Boris Johnson semble être jalonnée d’épisodes qui ont contribué à créer son image et son aura… Mais trop souvent, on se demande comment ces mêmes épisodes ont pu ne pas ruiner son image, son aura et sa carrière toute entière. On n’aura pas de réponse.

 

Outre ses aventures extraconjugales, la plupart des aventures de Boris révèlent une chose : son manque de professionnalisme. Que ce soit quand il était correspondant à Bruxelles pour le Daily Telegraph où il vérifiait rarement ses sources et inventait souvent des faits et mêmes des sujets selon Sonia Purnell ; ou lorsqu’il était à la tête du Spectator déléguant la plupart de son travail à un numéro 2 zélé ; ou encore à son arrivée à la mairie de Londres, lorsqu’il se rend compte qu’il n’a pas de feuille de route et ne sait pas comment être maire… Tout converge vers cette question : mais que peut-on bien trouver à cet homme ?

 

Cheveux savamment ébouriffés

 

Il est attendrissant. Cet homme imposant, mal habillé, mal peigné, souvent en retard et utilisant un langage peu châtié est attendrissant avec toute sa gaucherie. C’est, en tout cas, l’analyse de Sonia Purnell, et celle de beaucoup de Londoniens qui l’ont élu maire. Mais l’auteure n’est pas dupe, elle sait bien que c’est une mise en scène. Ses fameux cheveux sont, par exemple, savamment ébouriffé.

 

Derrière cette gaucherie se cache une ambition qui va jusqu’au 10 Downing Street. Le titre ‘’Just Boris’’ ne désigne pas uniquement la manière dont on appelle le maire de Londres,  il résume ses priorités, qui sont, selon l’auteure : uniquement lui-même.

 

Difficile d’ignorer Boris

 

Mais il n’est pas aisé d’ignorer Boris. Son image a beau être un écran de fumée, elle fonctionne largement. Boris est très populaire. Boris Johnson l’est moins. Il est le seul homme politique qu’on reconnaît par son prénom – même pas son vrai prénom, Aleksander – et dont on se demande ‘mais de qui parle-t-on’ si on a le malheur de donner son prénom et son nom.

 

Difficile d’ignorer Boris donc… Et David Cameron, son grand rival de l’intérieur, ne le sait que trop bien. Les deux hommes se fréquentaient déjà dans la prestigieuse école d’Eton. Ils ont travaillé ensemble au sein du parti conservateur mais, l’un étant sérieux et l’autre pas (vraiment), ils ont toujours eu du mal à s’entendre.

 

Boris n’était donc certainement pas le premier choix des conservateurs quand il a fallu désigner un candidat pour la mairie de Londres en 2008. Mais par un concours de circonstances, le choix s’est porté sur Boris.

 

D’abord il ne pensait pas gagner face au travailliste Ken Livingston, puis il a commencé à l’appeler ‘’Ken Leaving-soon’’, avant de finalement lui prendre son fauteuil de maire.

 

Boris est un maire aimé. Ses Boris bikes sont un succès… si on oublie qu’ils avaient été imaginés par Ken Livingston, précise Sonia Purnell, et qu’on fait abstraction du fait qu’ils coûtent plus qu’ils ne rapportent.

 

Un maire attentionné

 

Mais le maire de Londres a vraiment défendu sa ville lors des coupes sombres de la coalition. Il a fait valoir la position de la capitale comme poumon économique et a réussi à sauver certains de ses budgets. Il s’agissait de défendre sa ville certes, mais contrecarrer les plans de David Cameron n’était pas pour déplaire à Boris non plus. C’était un peu la cerise sur le gâteau, selon l’auteure.

 

Victime de son succès, Boris qui se voyait bien à Downing Street après David Cameron, doit se résoudre à tenter de conquérir un second mandat. Les conservateurs sont intraitables : Boris doit rester à la mairie, c’est bon pour le parti.

 

Le mystère Boris reste entier

 

On peut regretter que Sonia Purnell ne perce pas le mystère Boris : comment fait-il pour gagner en popularité avec ce qui coûterait leur carrière à des dizaines de politiciens ? Est-ce un personnage joué ou est-ce vraiment Boris au naturel ? Sonia Purnell revient bien sur l’enfance de Boris, mais on ne trouvera pas la réponse là-dedans. Ni dans le récit de son adolescence et lorsque sa vie d’adulte commence, il est déjà le Boris qu’on connaît, mais on ne sait pas comment il en est arrivé.

 

Le mystère ne sera peut-être jamais percé. Mais 2012, année de la réélection et des Jeux Olympiques, approchant, nombreux sont ceux qui vont scruter le phénomène Boris à la loupe. Parmi eux, il y aura peut-être celui ou celle qui porte en lui/elle l’antidote au charme de Boris et pourra comprendre pourquoi Boris n’est pas Boris Johnson, un politicien qui a droit au même dédain que tous les politiciens, mais Just Boris.

 

                 

 

''Just Boris: The Irresistible Rise of a Political Celebrity'' by Sonia Purnell, 464 pages, £20

 

marie.billon@gmail.com

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