Le chant du cygne des bus accordéons

Les bus accordéon sont morts, vive les double deckers ! Mais certains veulent déjà renverser le nouveau  roi. Les bus à étages sont plus beaux et plus rentables, mais peut-être moins humains.

 

Le dernier bus accordéon, un 207 de White City à Hayes Bypass, a fait sa parade d’adieu samedi matin. On ne verra plus dans Londres, ces bus ultra long et peu esthétiques. Ils ont été éliminés au fur et à mesure. Ils seront remplacés par des double deckers, des petits bus classiques ou des routemasters, ces double deckers à l’ancienne avec une plateforme ouverte.

Le maire de Londres, Boris Johnson, aura eu la peau de ces ‘’grosses et disgracieuses monstruosités convenant mieux à des couloirs d’aéroports scandinaves qu’aux rues étroites de Londres’’.

 

Mais ce n’est pas qu’une question d’esthétique – même si le double decker est un symbole et une attraction londonienne, et que les Jeux-Olympiques approchant, il est de bon ton de faire mousser la British attitude – c’est aussi une question d’argent.

 

Les bendy buses permettaient aux passagers d’entrer sans passer devant le chauffeur. Beaucoup ne payaient donc pas leur voyage. Transport for London estime qu’il récupérera un manque à gagner de 7,4 millions de pounds par an dû aux fraudes. Le remplacement des 350 bus sur 30 trajets ne coûte que 2,2millions de pounds, selon Métro.

 

Un abri pour la nuit


Mais tout le monde ne saute pas de joie. TFL a bien reçu une déclaration d’amour par erreur - ‘’Your beloved bus’’, le 21 juin dernier, lorsque le 25 est devenu un double decker – mais plusieurs papiers du Guardian crient à l’injustice. Tout d’abord, les double deckers ne peuvent accueillir que 85 passagers maximum au lieu de 120. Les bendy buses étaient aussi plus faciles d’accès aux personnes à mobilité réduites ou aux femmes enceintes, pas besoin de monter pour chercher de la place. Et comme on ne peut pas rester debout au premier étage, le ‘’rez-de-chaussée’’ et vite très – trop – plein.

 

          


Mais surtout, les bendy buses étaient devenus un refuge pour certains sans-abris, comme le montre le court-métrage du réalisateur Robert Wilkins. Il a filmé les passagers du bendy bus de nuit N29 dans sa dernière semaine d’existence, fin novembre, entre minuit et 5 heures du matin. On y voit des sans-abris dormir dans le bus et descendre au terminus pour prendre un autre bus dans l’autre sens. Le chauffeur, Adam, sait qu’ils sont dans son bus, et qu’ils n’ont pas payé, mais il ne dit rien. Il s’inquiète même pour ces gens, une fois que son bendy bus sera remplacé par un double decker, car les chauffeurs ne pourront plus fermer les yeux ni faire semblant de ne rien voir, dit-il.


Les rues de Londres seront peut-être plus belles, arpentées par des double deckers, mais le spectacle en sera gâché si le nombre de personnes dormant sur les trottoirs augmente sur leur trajet.

 

Marie.billon@gmail.com

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