JO: une sécurité à toute épreuve ?

On se souvient qu’au lendemain de la sélection de Londres comme hôte des JO-2012, la capitale britannique avait été le théâtre d'une série d'attentats faisant 52 morts, outre les quatre kamikazes. Des attaques qui ont durablement traumatisé le pays et qui ont fait de la sécurité l’un des enjeux principaux de ces Jeux Olympiques. Plus d'un milliard d’euros aurait été dépensé pour assurer le bon déroulement de l’événement, mais lorsque la société de sécurité privée, G4S, a annoncé qu’elle ne pourrait fournir que 400 des 1.400 agents prévus, tous ces efforts ont été remis en cause. Depuis, le gouvernement a annoncé que des militaires viendront palier le manque d’effectifs, mais 45% des Britanniques jugent leur pays mal préparé selon un sondage de l’Institut ComRes.

 

 

Reportage diffusé sur RFI, le 30 juillet 2012

 

 

 

 

A Londres, on est habitués à voir de nombreux policiers patrouillant dans les rues. La plupart ne sont pas armés, mais ils sont rassurants. Alors quand le gouvernement parle des risques terroristes qui pèsent sur les jeux Olympiques, les Londoniens, traumatisés par les attentats de juillet 2005, veulent que les efforts engagés pour assurer leur sécurité soient à la mesure du risque. Des dizaines de milliers de militaires, policiers, agents de sécurité privés et les services de renseignements seront à pied d’œuvre durant ces jeux, et selon Andrew Silke, de l’Université d’East London, ce n’est pas du luxe :


Andrew Silke
A peu près tous les jeux, depuis Munich, on été visés par une tentative d’attentat ou par un attentat. Mais je pense que Londres est plus vulnérable que d’autres parce que c’est un axe de transport international, que beaucoup de gens de différentes origines y vivent et que donc il y a potentiellement beaucoup de personnes liées à des conflits qui sont en cours de par le monde. Et il ne faut pas oublier l’alliance du Royaume-Uni avec les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme en Irak et en Afghanistan.

 


Les autorités ont intensifié leur lutte contre les groupuscules suspects depuis plusieurs mois et ont procédé à plusieurs arrestations. Mais bien sûr, la menace demeure et elle est assez variée.

Andrew Silke
Nous savons qu’Al Qaïda veut attaquer les JO, mais il ne faut pas non plus négliger les menaces provenant d’ailleurs, comme des groupes d’extrême droite ou des organisations avec des objectifs plus précis liés au Sri Lanka, à la Syrie ou la Libye. La motivation est là, c’est sûr à 100%, il reste à savoir s’ils ont les moyens et les ressources pour passer à l’action.


Pour pallier les tentatives d’attaques qui pourraient avoir lieu, les autorités ont mis en place un lourd service de sécurité. Selon le professeur, il ne devrait pas être très visible, les militaires lourdement armés seront peu nombreux parmi le public. Le gros des troupes et les armes seront disposées dans des endroits plus discrets pour parer à toutes les éventualités :

Andrew Silke
La plus grande menace qui pèse sur les Jeux sont les attentats-suicides, des terroristes qui se feraient exploser dans une file d’attente, avant d’avoir passé la sécurité. Il y a aussi la possibilité d’une attaque sur le modèle des attentats de Bombay. Mais à mon avis, les zones les plus à risques ne se trouvent pas dans le village olympique. Je pencherais plutôt pour les entrées des stades ou bien très loin de là, dans des endroits où la sécurité est beaucoup moins assurée.


D’autant plus que ces dernières semaines, le scandale autour du désistement de la société de sécurité G4S a remis en cause tout le dispositif de protection des Jeux. Il pourrait y avoir moins d’hommes que prévu sur le terrain. Beaucoup de Londoniens se sont sentis trahis par l’Etat qui a sous-traité leur sécurité à cette agence privée :

Christopher Kinsey
L’Etat n’a plus les moyens d’assurer la sécurité partout. Il cherche donc des solutions qui peuvent être moins chères. Quand il y a un besoin, l’Etat fait appelle au privé pour y répondre. Lorsque ce besoin est passé, les employés cherchent un nouveau travail, ils ne restent pas au crochet du gouvernement qui devrait alors leur payer un salaire ou cotiser pour leur retraite comme c’est le cas pour l’armée ou la police.


Mais on l’a vu avec G4S, le secteur privé n’est pas toujours digne de confiance.

Christopher Kinsey
Je suppose qu’en payant des employés £8,50 par heure pendant seulement trois semaines, on ne peut pas s’attendre à beaucoup de loyauté de leur part. S’ils trouvent un travail plus intéressant, ils iront voir ailleurs. Et puis un autre problème a peut-être été le calendrier de recrutement. Il est possible que la société ait retardé au maximum le recrutement des agents pour ne pas leur payer un salaire pendant plus de temps qu’il ne faut. Le problème bien sûr, c’est que cette stratégie ne laisse que peu de temps pour se retourner en cas de problème.


Le ministère de la Défense avait cependant prévu ce genre de contretemps. Il a mis en réserve plusieurs milliers de soldats pour reprendre les choses en mains en cas de problème. Malgré cet imprévu, le stade olympique est présenté comme l’endroit le plus sécurisé au monde, après le bunker du président américain.

 

marie.billon@gmail.com

Comments or opinions expressed on this blog are those of the individual contributors only, and do not necessarily represent the views of FRANCE 24. The content on this blog is provided on an "as-is" basis. FRANCE 24 is not liable for any damages whatsoever arising out of the content or use of this blog.
0 Comments

Poster un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ ne sera pas montré publiquement.
  • Aucune balise HTML autorisée

Plus d'informations sur les options de formatage

CAPTCHA
Cette question vous est posée pour vérifier si vous êtes un humain et non un robot et ainsi prévenir le spam automatique.