Libye : La France et la Grande-Bretagne en première ligne
Londres et Paris ont largement contribué à la résolution 1973 de l’ONU pour une intervention en Libye. L’engagement pourrait commencer dès samedi après-midi.
David Cameron et Nicolas Sarkozy auront été les fers de lance d’une réaction internationale face à la Libye. Avec le Liban, ce sont eux qui ont rédigé la proposition 1973, votée jeudi soir par le Conseil de Sécurité de l’ONU, permettant aux Etats de ‘’prendre les dispositions nécessaires pour protéger les civils et les zones habitées menacées’’.
Le Premier ministre britannique est, ce samedi, à Paris pour une réunion rassemblant plusieurs représentants de pays favorables à une intervention en Libye - ainsi que l’Allemagne qui s’est en revanche abstenue lors du vote. Une source proche de la réunion a fait savoir en début d’après-midi que la France et la Grande-Bretagne pourraient être les premiers à lancer une action militaire dès la fin de la conférence, vers 16h, rapidement suivis par les Etats-Unis.
‘’Les minutes sont comptées’’
Les Parlements britanniques et français doivent respectivement étudier l’intervention de leur pays lundi et mardi. Mais le temps presse. Bien qu’il ait demandé un cessez-le-feu dès vendredi après-midi, le colonel Kadhafi n’a apparemment pas respecté sa propre parole et les combats ont continué à Benghazi, fief de l’opposition. ‘’Les minutes sont comptées. Nous devons nous dépêcher car nous ne voulons pas voir un bain de sang à Benghazi ni la poursuite des massacres en Libye’’, a déclaré David Cameron.
Nicolas Sarkozy est monté en première ligne très rapidement sur le dossier libyen. Il voulait à la fois redorer le blason de la diplomatie français après l’affaire Michelle Alliot-Marie et retrouver lui-même une stature internationale. Certains observateurs ont voulu comparer le discours que le nouveau ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a donné jeudi soir à l’Onu à celui de Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac qui, de manière mémorable, a expliqué pourquoi la France ne s'engagerait pas en Irak.
Les ministres des Affaires étrangères français et britannique étaient déjà tombés d’accord sur la nécessité d’une intervention en Libye le 4 mars dernier. Ils insistaient déjà sur l'impératif de l’obtention d’un blanc seing de la communauté internationale pour agir.
‘’Ce n’est pas l’Irak’’
Alors que la légitimité de l’intervention en Irak, décidée par l’ancien premier ministre Tony Blair, est largement remise en cause et étudiée par la commission Chilcot, David Cameron a tenu à faire savoir que la Libye n’était et ne sera pas l’Irak. La résolution de l’ONU ne permet qu’une intervention aérienne, aucune troupe au sol sera engagée. ‘’Ce n’est pas l’Irak, nous ne partons pas en guerre, nous n’envahissons pas la Libye. Nous ne faisons que réaffirmer l’autorité de la loi après la résolution de l’ONU’’, a affirmé le vice-premier ministre, Nick Clegg.
Le mandat de l'ONU ne permet d'ailleurs pas de renverser le régime libyen, mais uniquement de protéger la population. ''Mouamar Kadhafi peut encore éviter le pire (...). Les portes de la diplomatie rouvriront dès que les combats cesseront'', a expliqué Nicolas Sarkozy, samedi, après la réunion des chefs d'Etat.
Lors d’un discours devant le parti conservateurs écossais, David Cameron a assuré que l’armée britannique ne tiendra pas un rôle prééminent, et qu’elle participerait en fonction de ses moyens, déjà largement déployés en Afghanistan.
‘’Je crois que cette cause est juste, a ajouté le Premier ministre. C’est pourquoi nous agissons, non pas uniquement au nom de la morale qui fait un devoir de s’interposer quand un dictateur massacre son peuple, ni au nom du simple fait que des gouvernements démocratiques dans le monde arabe seraient bénéfiques à l’ensemble du monde. Mais parce qu’une Libye stable, débarrassée de la brutalité du Colonel Kadhafi, est dans les intérêts à long terme de notre pays. Nos intérêts et nos idéaux convergent.’’
Quasiment aucune voix ne s’est élevée contre cette intervention en Grande-Bretagne - ou même en France. Le chef des Travailliste, Ed Miliband a estimé qu’il ‘’ne serait pas bon de rester les bras croisés’’.
Des avions Typhoon et Tornado sont déjà présents à proximité de la Libye pour intervenir. Des avions Rafales français auraient déjà pénétré l’espace aérien Libyen samedi vers 15h.
marie.billon@gmail.com
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