Les émeutes ont radicalisé une partie de l’opinion britannique. Mais l’effet ne sera que de courte durée. The Spectator appelle David Cameron à organiser des élections anticipées pour capitaliser sur cette 'droitisation' temporaire.

Est-ce le moment idéal pour des élections anticipées ? L’Angleterre se remet doucement du traumatisme des d’émeutes qui l’ont secoué du 6 au 10 août dernier. Et le parti travailliste est sur le chemin de se refaire une crédibilité, mais n’a pas encore exactement réussi. Le moment idéal pour capitaliser sur le mécontentement des Britanniques, ceux qui appelaient à ‘’mettre les émeutiers en ligne et les fusiller’’. Une injonction qui fait tâche au moment où les troupes britanniques, avec celles de la coalition, se battent en Libye pour éviter le massacre de civils. Bon ou mauvais, les civils restent des civils, et la Justice est là pour juger et éventuellement condamner (voire même bientôt condamner à mort puisqu'une campagne qui fait grand bruit demande le rébalissement de la peine capitale en Grande-Bretagne). Bref, les Britanniques semblent être prêts pour des mesures radicales, et tant pis pour le plan ''hug a hoody'' lancé par David Cameron en 2006 (l'expression n'est cepandant pas de lui).

Combinant tous ces facteurs, James Delingpole du Spectator appelle David Cameron à ‘’prendre la décision la plus importante (…) de sa vie, et d’organiser des élections anticipées’’. Le chroniqueur estime que les conservateurs pourraient – grâce aux électeurs - se débarrasser des Libéraux-Démocrates, trop timorés à son goût. Ils pourraient enfin avoir les coudés franches.

Certains conservateurs pensent d’ailleurs comme lui. James Forsyth, du même journal, cite un ministre sans le nommer : ‘’les émeutes nous ont donné la possibilité de prendre les choses sérieusement en main’’.

Thatchérisation ?

Mais l’ouverture sera de courte durée, précisent les journalistes, il faut ‘’battre le fer tant qu’il est encore chaud’’. Ne pas attendre la conférence annuelle du parti début octobre pour s’attaquer au problème. Les Travaillistes et les Lib-Dems auront eu leur réunion avant les Conservateurs. Le parti du Premier ministre ne serait alors qu’une énième formation à gloser sur le sujet.

Gloser c’est justement le problème. James Forsyth estime que pour l’instant, la réponse du Premier ministre a été plus des ‘’mots que des actes’’. Il risquerait donc, selon lui, de se ‘’transformer en un nouveau Tony Blair’’.

Le pire, précise encore le journaliste, c’est que David Cameron ‘’sait ce qu’il faut faire’’ et qu’en plus les sujets de société sont ses sujets de prédilection. Il est bien plus ‘’Broken Britain’’ que ‘’Broke (ruinée) Britain’’. ‘’C’est un peu comme si toute la carrière de Cameron le préparait à cette instant’’, estime-t-il.

Mais pour rencontrer sa destinée, le Premier ministre doit prendre les choses en main, avec son gouvernement d’abord. ‘’Trop souvent, il apparaît comme le président d’une conseil d’administration plutôt que comme le chef de l’exécutif’’, estime James Forsyth. En substance, il ferait mieux de se ‘’thatchériser’’ un peu plus, de sortir un poigne de fer de ses poches.

Jeter la bureaucratie et les Lib-Dems par dessus bord

David Cameron doit aussi se défaire du ‘’mammouth bureaucratique que la coalition lui impose’’, ainsi que de la classique et habituelle la ‘’lenteur bureaucratique’’.

Le Premier ministre doit aussi basculer ses partenaires de coalition par dessus bord. ‘’Ils pourront très difficilement prendre une position personnelle’’ sur les émeutes. Ils ne savent sur quel pied danser et leur équilibre en est affecté, une mini coup de pouce suffirait à les faire chavirer, juge James Forsyth.

Bref, ‘’Man up’’, dit The Spectator. Il incite le Premier ministre à prendre les choses en main immédiatement et même à renoncer à ses vacances en Cornouailles pour s’atteler à la tâche plus rapidement. Le numéro 1828 a été imprimé avant le départ de David Cameron sur son lieu de villégiature, déjà un petit coup de canif dans les espoirs du journal.

Photos, droits réservés

marie.billon@gmail.com